Pour faire face à la nouvelle loi qui impose une taxe sur la valeur ajoutée de 19% sur les produits de première nécessité, depuis janvier dernier, un mouvement dénommé la « Coalition contre la vie chère » est né pour protester contre une mesure qui entame profondément le pouvoir d’achat des Nigériens. La population ne veut pas céder devant un gouvernement qui se veut catégorique, mais qui joue tout de même la carte du dialogue.
La rue ne cèdera pas au Niger ! « Le gouvernement est un gouvernement du peuple et le peuple a parlé », affirme Moustapha Kadi, porte-parole de la « Coalition contre la vie chère », un mouvement créé en janvier dernier en réponse à la loi des finances 2005 qui impose une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 19% sur les produits de première nécessité. Et pour cause, les prix du lait, de la farine de blé de mil, du sucre, de l’eau et de l’électricité, pour ne citer que ceux là, connaissent une hausse sans précédent. De fait ces produits étaient exemptés d’une TVA qui était auparavant de 17%. Le sac de farine de blé de 50 kg est ainsi passé de 13 000 à 19 000 F CFA, dans un pays où le salaire moyen est d’environ 19 000 F CFA. La situation est d’autant plus critique que la dernière campagne agricole a été mauvaise à cause de la sècheresse et des criquets.
Abrogation ou rien !
La principale revendication de ce mouvement, qui rassemble les quatre principaux syndicats nigériens et une quarantaine d’associations, mais surtout qui fait, semble-t-il, l’unanimité au sein de la société nigérienne, souhaite que la loi de finances, instituant ce nouveau taux de TVA et cette nouvelle assiette de taxation, soit abrogée. Selon Moustapha Kadi, cette décision est la seule à même de conduire à la négociation. Le contact est toutefois maintenu entre la coalition et le gouvernement à travers notamment sa Commissaire chargé du dialogue social qui a rencontré aujourd’hui les instigateurs du mouvement. L’appel de mardi dernier, lancé par la coalition, invitant à faire de Niamey une ville morte et point d’orgue d’une vague de protestation qui traverse le pays, y a certainement beaucoup contribué. Largement suivi, il a pu infléchir un gouvernement qui, lundi soir encore, affirmait ne pas vouloir accéder à la pression de la rue.
Pour l’Etat, cette mesure, décriée par les Nigériens, se justifie par la nécessité de respecter les critères de convergence imposée par l’Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest (Uemoa). La TVA de 19% est, en effet, obligatoire dans tous les pays de la zone. Mais l’Etat accuse aussi les commerçants d’être responsables de cette flambée des prix. Un argument qui n’est pas recevable selon Moustapha Kadi. « C’est parce qu’on leur a permis, rétorque-t-il. Le syndicaliste estime en effet qu’ils sont largement soutenus par le gouvernement. « L’Assemblée nationale compte 113 députés dont 70 sont des commerçants analphabètes », poursuit-il, tout en rappelant que le président du Parlement, l’ancien Président nigérien, Mahmane Ousmane, approuve l’initiative de la coalition.