Les quelque cinq millions de musulmans de France fêteront, mercredi, la rupture du jeûne du ramadan. Quelques-uns se prononcent, pour Afrik.com, sur le vécu et le sens qu’ils donnent aux privations du mois du ramadan et à l’Aïd el-fitr.
C’était il y a treize siècle. Selon la foi musulmane, Mohammed recevait le coran par révélation divine. Pour marquer cet événement unique, le prophète de l’Islam lui consacra un mois entier de jeûne, dont il fit l’un des cinq piliers de la nouvelle religion. Pendant ce mois, le neuvième du calendrier musulman, les croyants doivent s’abstenir de boire, manger, fumer et avoir des relations sexuelles du lever du jour à la tombée de la nuit. Une période de privation et de recueillement donc, qui se termine par une grande fête que l’islam nomme l’Aïd el-Fitr ou fête du ramadan. Au menu, une grande explosion de joie, qui commence par la prière de fin du jeûne et se traduit par toute sortes d’actes de bonté : cadeaux aux enfants et parents, échanges de présents entre adultes, repas en famille repas. Les croyants doivent aussi s’acquitter de l’aumône obligatoire en faveur des plus nécessiteux. Le début des festivités dépend de l’observation de la nouvelle lune, d’où une différence de jour, d’un pays à l’autre. En France ce sera demain mercredi, annonce le Cfcm (Conseil français du culte musulman), sur la foi des données astronomiques, et après avoir pris connaissance des annonces faites dans les pays musulmans. Afrik.com est allé à la rencontre de quelques musulmans parisiens qui expliquent comment ils ont vécu le jeûne, et les conditions dans lesquels ils célébreront demain la fête du ramadan.
Koné, 65 ans, malien
«Le jeûne est désormais pour moi une routine. Je le fais depuis l’âge de sept ans. Donc le mois du ramadan s’est passé pour moi sans problème particulier. Pour la fête proprement dite, vous m’avez vu à l’entrée d’un magasin. Je vais acheter de nouveaux vêtements pour ma femme et mes enfants. Je compte aussi en offrir à mes petits enfants. Demain, j’irai prier à la mosquée comme tout le monde. Puis ce sera le début de la fête.»
Hanan, 22 ans, française d’origine tunisienne
«J’ai fait une partie du jeûne en Tunisie où j’ai passé une semaine. C’est une ambiance tout à fait différente de celle de la France. Tout y est réglé par rapport au ramadan, y compris le travail. En France, le jeûne passe vite, c’est une activité comme une autre. C’est compréhensible parce qu’on n’est pas en terre d’Islam. Pour la fête proprement dite, je vais profiter de l’occasion pour rendre visite aux membres de ma famille. Je vais aussi faire quelques petits cadeaux. Pour moi, c’est un jour de congé.»
Mamadou, 58 ans, sénégalais
«J’ai commencé à pratiquer le ramadan à l’âge de 18 ans. Mais chaque année, c’est toujours un peu difficile pour moi, surtout que j’ai une santé fragile. J’ai passé sobrement le mois du jeûne, et je vais le terminer de la même façon. Pas trop de faste. Je n’ai pas les moyens cette année d’offrir des cadeaux à ma famille. Les temps sont difficiles. Demain à la mosquée, je ferai quand même l’aumône parce que c’est obligatoire et non facultatif comme les cadeaux. Après la prière, nous mangerons en famille.»
Farouk, 18 ans, algérien
«Cette année, c’était mon premier ramadan. J’ai mis deux ans pour me décider. Ça n’a pas été facile. Il a fallu résister à la tentation. Se priver par exemple de tabac toute la journée. Cela m’a motivé à arrêter de fumer et j’espère pouvoir y arriver. Comme la fête du ramadan marque la fin d’un grand effort, je vais formuler plusieurs vœux demain. Je souhaite par exemple que mes frères croyants puissent accéder plus facilement au regroupement familial. Je vis dans un foyer où la plupart des hommes vivent seuls. Pourtant ils sont mariés au pays et ont des enfants. Je vais aussi demander à Dieu de venir en aide aux sans-papiers pour faciliter leur régularisation.»