Les motos-taxi, communément appelés « Jakarta », sont devenus l’un des plus importants moyens de transport dans plusieurs régions du Sénégal. Seulement, ils sont la cause de nombreux accidents, pour la plupart mortels.
« Dans 10 ans, la moitié de la population thiessoise sera handicapée ». Ces propos sont de l’étudiant en sociologie, Mor Guèye. Le jeune, la trentaine, base son argumentaire sur le nombre élevé de motos-taxi dans cette ville située à 70 kilomètres de Dakar. Mais aussi et surtout le fait que « nombre de ces engins sont conduits par des jeunes qui n’ont pas les qualifications requises pour la conduite ».
« Ils n’ont pas de permis de conduire »
« Non seulement, ils sont d’un très jeune âge, souvent moins de 16 ans, mais ce qui est encore plus grave, ils ne respectent aucune règle. Déjà, la plupart d’entre eux ne sont pas en règle, ensuite, il se pose un problème de formation. Quand je dis formation, c’est l’apprentissage qui aboutit à l’octroi d’un permis de conduire. Le seul document qui permet à un citoyen détenteur d’engin motorisé d’être autorisé à conduire », poursuit notre interlocuteur.
Une remarque confirmée par Fatou Ndoye, marchand qui, du fait de son lieu d’habitation très enclavé, embarque à bord de ces motos-taxi pour se rendre à son lieu de travail. « Il m’arrive de tomber sur des conducteurs très jeunes. Parfois, je me demande s’ils ont 15 ans, tellement ils sont jeunes. Et forcément, ils n’ont pas de permis de conduire, n’ayant pas 18 ans révolus », confie la jeune femme, la vingtaine, qui se dit consciente du danger.
Les motos « Jakarta », un fléau au Sénégal
En réalité, la jeune femme a souvent fait les frais de ces jeunes conducteurs, avec trois accidents à la clé. Même si elle confie en être sortie indemne, elle se dit consciente du risque qu’elle court, chaque jour, en montant à bord de ces motos. « Un jour, nous avons fini à la police, car le conducteur n’avait pas de permis et avait le malheur d’avoir heurté une voiture d’un homme de tenue. Personnellement, j’ai eu chaud. J’ai laissé le conducteur au poste de police, et j’ai regagné mon lieu de travail. Je ne sais pas ce qui est arrivé au conducteur, par la suite », confie-t-elle.
Ces motos taxi sont une véritable source de tracasserie dans la circulation. Ils ne respectent aucune norme de conduite. N’ayant pas passé l’examen du code ni de la conduite, ils foulent du pied les règles. Ils créent une véritable anarchie dans la circulation, font les dépassements comme bon leur semble. Des comportements qui leur sont souvent fatals mais qui coûtent parfois la vie à leur client. Par exemple, ce lundi 11 décembre 2023, un grave accident s’est produit à l’arrêt Keur Mor Ndiaye.
« Prendre des mesures avant qu’il ne soit trop tard »
Cet accident survenu dans le département de Thiès, a vu un conducteur de moto-taxi violemment heurté par une voiture. La voiture était complètement endommagé et le conducteur de moto gravement amoché. Il a été évacué vers le centre de soin par les Sapeurs-Pompiers. Quelques jours avant, c’est un élève du CEM Mamadou Diaw qui a été mortellement heurté par un car Ndiaga Ndiaye, alors qu’il se trouvait à bord d’un mototaxi. Leur moto a été violemment percutée au carrefour Auchan. Après l’élève, le conducteur est décédé deux jours plus tard.
« Je pense que cette situation dépasse les autorités du pays. Pour des raisons politiciennes, ils ont laissé prospérer ces motos qui, actuellement, causent d’énormes soucis à la population. Outre les nombreux accidents dont elles sont à l’origine, il y a aussi les vols et autres agressions commis par certains conducteurs. Car, ce sont des engins très rapides, permettant à leur conduite de prendre la tangente, après un forfait. Il urge aujourd’hui de prendre des mesures avant qu’il ne soit trop tard. S’il ne l’est pas déjà », alerte Mor Guèye.