Véritable phénomène de société, les taxis à deux roues sont devenus en quelques années le moyen de transport par excellence des habitants de la ville Douala. Les moto-taxis ont éclipsé de la circulation les taxis traditionnels.
Les moto-taxis ou » bend-skin « , du nom d’une danse traditionnelle de l’Ouest du Cameroun réputée pour la frénésie de son rythme, ont envahi les artères de la capitale économique du Cameroun. Le parc des moto-taxis à Douala est passé du simple au quintuple en l’espace de six ans. Le syndicat national des exploitants de taxis du Cameroun en dénombre officiellement 342, en réalité plus du double sont en circulation.
Ils sont partout, vous conduisent à la destination de votre choix. Mieux : au seuil de votre porte et à un prix relativement bas (100 Fcfa soit 0,162 euro). Les habitants de Douala ont quasiment succombé à ce mode de transport pratique et pas cher. Un engouement qui ne va pas sans risque. Car du fait des » bend-skin « , les accidents de circulation sont en hausse. Plus de 30 % dans le périmètre urbain de Douala, selon la brigade des accidents du commissariat central.
Risques insensés
Bras cassés, entorses à la cheville, déboîtement de la hanche, double fracture de la jambe, crâne broyé …les horreurs dignes des films d’épouvante sont le lot quotidien des passagers et des conducteurs des moto-taxis. » Sans casque et parfois ne maîtrisant pas les bases du code de la route, les conducteurs des » bend-skin » prennent très souvent des risques insensés « , s’indigne un habitant de Douala. Dépassement à gauche, excès de vitesse, non respect des feux rouges, arrêts intempestifs… Ces motocyclistes sèment la mort à presque tous les carrefours. Et pour cause, ils sont pressés, les yeux plus tournés vers la montre que sur la route.
» Mus par l’appât du gain, ils n’ont qu’une obsession, gagner toujours plus « , s’énerve un chauffeur de taxi traditionnel. La majorité de ces motocyclistes ne sont pas propriétaires des engins qu’ils conduisent. Ils les louent entre 2 000 (3,230 euros ) et 4 000 (6,460 euros) Fcfa par jour, selon l’état de la moto. » Pour survivre, nous sommes obligés de travailler vite pour pouvoir disposer à la fin de la journée d’une recette supérieure à celle que nous imposent les propriétaires des motos « , déplore Kamga, conducteur de » bend-skin « .
La mort au quotidien
Les accidents causés par les » bend-skin » sont si récurrents que le pavillon des urgences de l’hôpital Laquintinie de Douala a été débaptisé. Depuis six ans, tout le monde l’appelle le » pavillon bend-skin « . Il accueille majoritairement les victimes des accidents des moto-taxis. La dizaine d’infirmières qui travaille dans ce pavillon reçoit tous les jours cinq à dix accidentés du fait des » bend-skin « . Des accidents, très souvent mortels, qui pour l’heure ne semblent pas préoccuper les autorités camerounaises, pas plus que les habitants de Douala. Ils sont toujours de plus en plus nombreux à recourir à ce moyen de transport dangereux.
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