Les transitions démocratiques en Tunisie, en Egypte et en Libye sont difficiles depuis la chute de leurs anciens dirigeants. Les tensions y sont vives et la démocratie peinent à trouver ses repères. Pourtant, selon Le Monde diplomatique, c’est en Afrique du nord que les perspectives d’avenir paraissent les plus prometteuses. Quant aux contestations, moins remarquées, dans les pays où règnent les monarchies, comment finiront-elles par prendre forme ? Selon Moulay Hicham, cousin du roi alaouite Mohammed VI, les monarchies sont les prochaines cibles.
Depuis la chute de Ben Ali en Tunisie, de Moubarak en Egypte et de Kadhafi en Libye, les transitions démocratiques dans ces pays sont difficiles. Comme l’explique Hicham Ben Abdallah El-Alaoui – membre du conseil consultatif de Human Rights Watch, chercheur au Freeman Spogli Institute for International Studies de l’université Stanford (Californie) et par ailleurs cousin (opposant) de Mohamed VI, roi du Maroc – le « Printemps arabe » est plus qu’un simple évènement, c’est un « processus ». Même si l’institutionnalisation de la démocratie dans les pays d’Afrique du nord est compliquée, c’est bien dans ces pays que les perspectives d’avenir sont les plus prometteuses.
Les contestations au Maroc, menées en avant-poste par le Mouvement du 20 février, ont été nombreuses mais moins remarquées. La monarchie marocaine a, depuis l’indépendance du pays en 1956, réussi à rassembler le peuple autour de son trône grâce à l’esprit nationaliste qu’elle a insufflé à travers l’ensemble du royaume. Considéré comme le « commandeur des croyants » au Maroc, le roi bénéficie ainsi d’une étiquette d’intouchable. Toutefois, son trône n’est pas totalement à l’abri des contestations.
Des monarchies fragilisées
Dans son numéro de janvier 2013, le mensuel français Le Monde Diplomatique, aborde la question de la place des monarques arabes dans un monde en perpétuel mouvement. Connu pour ses critiques contre le régime marocain et ses institutions, à commencer par la DST, le prince Moulay Hicham, cousin du roi Mohammed VI, en exil depuis 2002, analyse pour Le Monde Diplomatique la situation. « Hormis que le printemps démocratique n’a encore fait chuter aucun roi, les monarchies arabes sont grandes perdantes de ce développement historique », déclare le prince en introduction de son analyse. Il met en garde les rois. Selon lui, « le prix sera dur à payer (…) vu ce qui les attend ».
Moulay Hicham admet que la monarchie est « socialement et historiquement » ancrée au Maroc « vu qu’elle fut en tête de la résistance à l’occupation coloniale franco-espagnole ». Mais cela n’empêchera pas que le peuple continue sa révolte jusqu’à ce que le pouvoir réponde à son appel, à savoir l’intronisation de la démocratie, « source unique de la légitimité », d’après Moulay Hicham. Quand est-il des réformes constitutionnelles entreprises par le monarque alaouite ? Le chercheur les qualifie de « toilettage superficiel », afin de calmer la grogne sociale mais qui augurent des lendemains de tensions.
Même son de cloche du côté de la Jordanie où le trône, selon le chercheur, n’est pas encore prêt d’être à l’abri des revendications sociales mais tient pour le moment « grâce à l’affaire palestinienne ». Les régimes pétro-monarchiques des pays du golf ont de quoi acheter le silence des peuples mais leur futur est composé d’incertitudes, conclut Moulay Hicham.