Les mésaventures de Karim Wade et Téodorin Obiang ont inspiré les détracteurs de Franck Biya


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Les Camerounais doivent considérer avec vigilance ce qui se passe. Les faits qui motivent les dénonciations répétées d’une nébuleuse d’associations françaises (One Cameroon Movement, Alliance pour la Défense du Bien Public, CCFD, etc.) à l’encontre de Franck Biya ont été l’objet de distorsions et d’amalgames délibérés.

Ainsi, quand ces associations se plaignent du « pillage du trésor public » ou de ce que Franck Biya aurait « spolié l’Etat Camerounais », c’est à dessein qu’elles évitent les qualifications juridiques qui seraient immédiatement disqualifiées dans les contextes concernés. A force de contradictions, leur réquisitoire ressemble à des dénonciations calomnieuses.

Mais en l’absence d’une plainte, émanant du mis en cause, allant dans ce sens, contre ces associations, on est bien forcé de convenir du caractère troublant de toutes ces accusations. Il y a forcément quelque chose de dérangeant et de moralement inacceptable à imaginer qu’une partie seulement de ce qui a été prétendu est conforme à la vérité des faits.

Franck Biya n’est pas un citoyen comme un autre

La problématique de la patrimonialisation et de l’accaparement de la fortune publique par des castes familiales est posée et tout de suite évacuée par l’establishment. Au motif qu’il est permis au fils du président de brasser des affaires, c’est quelque chose avec laquelle on peut en effet composer. Il lui est aussi permis d’être milliardaire, la plupart des fortunes privées au Cameroun étant des fabrications de l’Etat, et pour des raisons d’opportunités il lui est encore de faire le même type de profits que naguère les fonds vautours engrangeaient en Afrique. Il lui est enfin permis d’être, comme son père, bulu (groupe ethnique du Sud).

Mais si en plus le ministre des finances (Edouard Akamé Mfoumou) qui avait avalisé les opérations de titrisation est bulu, si le directeur général de la Camtel et le directeur général de la Caisse Autonome d’Amortissement qui ont été cités et se sont illustrés dans la défense des opérations incriminées sont bulu, si le DG de la CNPS concerné par des opérations du même type est lui aussi bulu jusqu’à la moelle des os, on est bien forcé de reconnaître qu’il y a comme un problème.
Il n’y a pas eu, au moment de la transaction entre l’établissement public (Camtel) et Franck Biya, d’information préalable du public camerounais ni de déclaration officielle au terme de sa réalisation, voilà qui est louche ! Au final, les Camerounais ont le sentiment que de top de choses lui sont permises au fils du président. A moins évidemment de suggérer que le mal est dans l’œil de celui qui regarde et que ces associations veulent provoquer un génocide antibulu. C’est tout l’un ou tout l’autre.

Je vois, à l’endroit de Franck Biya, deux sortes de critiques possibles découlant l’une de l’autre. Et d’un, dans l’affaire qui nous occupe, les relations sont loin d’être dépersonnalisées, comme vient d’établir le paragraphe précédent. Et de deux, être fils du président comporte des restrictions non écrites dans l’exercice de ses affaires, il ne peut pas tremper ses mains partout au risque de créer un climat de « suspicion légitime » : favoritisme et délit d’initié ; si le premier est prévu et réprimé par nos lois, le deuxième non, l’opération n’ayant d’ailleurs pas eu lieu dans des marchés boursiers.

Sale temps pour les fils de président

Jean-Marc Souvira, commissaire divisionnaire à l’OCGRDF (Office Central de Répression de la Grande Délinquance Financière) enquête essentiellement sur les déclarations de soupçon transmises par TracFin. Le parquet de Paris peut également lui confier des enquêtes comme cela s’est vu dans la plainte de l’Etat du Sénégal contre Karim Wade pour « recel d’abus de biens sociaux ».

Les dernières sorties de ces associations françaises annonçant que l’OCGRDF avait accusé réception de leur plainte relèvent donc de la gesticulation médiatique. Ces accusations sont assez rigolotes, elles demandent à la France de juger un citoyen camerounais (je suppose) pour des faits commis au Cameroun sous l’acception présumée de détournements de fonds publics, sur la base de lois françaises (« S’agissant du recel de détournement de biens public »), en citant une jurisprudence douteuse sur les abus de biens sociaux. Outre cela, Franck Biya est « refugié » dans un paradis fiscal (Monaco). Ces associations procèdent par tâtonnement, faut-il compter sur les procureurs français pour démêler les fils de l’écheveau ?

L’affaire Franck Biya, sous le couvert de la justice, et du droit privé international, est ravalée jusqu’au niveau de la politique, au sens étroit du terme. Elle n’a de pertinence que sur ce terrain. Ceux qui voyaient en Franck Biya un enfant de chœur savent désormais qu’il est un homme prêt, préparé https://www.afrik.com/a-quoi-pourrait-on-comparer-franck-biya, suffisamment « flou » pour succéder à son père, et trempé jusqu’au cou dans la machinerie politique du Cameroun.

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