Des médicaments dangereux font leur réapparition sur les marchés de Conakry, capitale guinéenne, quelques mois après l’adoption de mesures par le gouvernement militaire pour lutter contre les ventes non réglementées.
La lutte contre la contrefaçon de médicaments demeure difficile compte tenu de la pénurie sévère de médicaments à laquelle sont confrontés les hôpitaux publics et les centres de santé, a dit à IRIN Mohamed Lamine Yansané, chef de cabinet du Ministère de la santé et de l’hygiène publique, le 1er juin.
Les pharmacies privées disposent de médicaments, mais ceux-ci sont trop onéreux pour un grand nombre de Guinéens.
« Les autorités ont du mal à lutter contre ce phénomène car il n’existe aucune alternative [pour la population] », a-t-il affirmé. « Nous pourrions détruire tous les produits commercialisés sur les marchés, mais alors où la population se procurerait-elle des médicaments ? »
Au mois de mars, la junte a procédé à l’arrestation de plusieurs personnes accusées de fabrication et de commercialisation de médicaments contrefaits et de ventes illicites hors des pharmacies. D’après les habitants de Conakry, les médicaments vendus au marché noir, qui ont été difficiles à trouver pendant une courte période après l’adoption de mesures par le gouvernement, ont fait leur réapparition au cours de ces dernières semaines.
La persistance du phénomène souligne la nécessité urgente d’approvisionner les centres de santé publique de Guinée en médicaments fondamentaux, a expliqué M. Yansané, du ministère de la Santé.
Sur le marché Niger du quartier de Kaloum, à Conakry, Mariam Sylla a expliqué à IRIN qu’elle n’avait d’autre choix que d’opter pour les médicaments vendus au marché noir. « Compte tenu du prix élevé des produits vendus en pharmacie, nous préférons les acheter sur le marché informel ».
Les vendeurs se sont également réjouis de voir les ventes progresser de nouveau.
« J’ai commencé à revendre lorsque j’ai vu les autres sortir de nouveau sur les marchés tels que Madina [l’un des principaux marchés de Conakry] », a déclaré un jeune vendeur, qui a souhaité rester sous couvert d’anonymat. « C’est comme ça que je nourris ma famille ».
Et à la question de savoir s’il n’était pas inquiété par d’éventuels contrôles des autorités, celui-ci a répondu que non.
La junte a récemment annoncé qu’elle allouerait des fonds à l’achat de médicaments afin d’approvisionner les centres de santé publique, et certains bailleurs de fonds ont exprimé leur souhait d’apporter leur aide. Cependant, aucun de ces engagements n’a été concrétisé à ce jour, a indiqué à IRIN M. Yansané.