La vente et la consommation des médicaments de la rue est une réalité au Cameroun en dépit des nombreuses initiatives visant à interdire ces pratiques. La pauvreté aidant, la demande en ces produits qui peuvent s’avérer dangereux est toujours aussi forte.
Le marché de la vente des médicaments de la rue se porte bien. Au marché central de Douala, tout un espace appelé « gazon » lui est réservé. Près d’un millier de jeunes exposent sur des étagères conçus pour la cause des produits de types divers. « Nous sommes plus outillés ici que les pharmacies dans la mesure où il n’est pas possible de faire le tour de nos étals et manquer un produit. C’est tout le contraire dans les pharmacies locales », se vante Dassys, vendeur de médicaments dans cet espace depuis bientôt dix ans.
Des produits de marque ou encore princeps (encore protégés par des brevets d’invention par des laboratoires) côtoient sur les comptoirs des médicaments présentés sous la forme générique (en dénomination courante internationale et dont le brevet est tombé). Les prix varient en fonction de ces catégories et de la marque du médicament.
Ordonnance, carnet médical, ou bout de papier sur lequel a été mentionné le nom du produit à la main, de nombreux clients se bousculent à la recherche, qui du meilleur médicament, qui du meilleur prix. A raison. Les prix pratiqués sur ce marché spécial ne sont pas homologués et dépendent de chaque vendeur. ET c’est ainsi sur tous les centres similaires de vente des médicaments de la rue qu’on retrouve dans les centres urbains du Cameroun.
Guidés par la pauvreté
« J’achète ici systématiquement les médicaments prescrits à tout membre de ma famille. Non pas parce que les produits vendus sont forcement de bonne qualité, mais faute de mieux » justifie sous anonymat un journaliste rencontré au « gazon » de Douala. « C’est ma source de ravitaillement en produits de toutes sortes et surtout les prix et la qualité des médicaments sont intéressants », ajoute un infirmier militaire, client du gazon depuis plus de dix ans.
En effet, les prix pratiqués au « gazon » sont parfois trois fois inférieurs au prix du même produit dans une pharmacie. Du coup, des infirmiers, des médecins et même parfois des pharmaciens achètent des produits pharmaceutiques dans ce lieu pour le revendre aux patients. Avec des risques sur la traçabilité des médicaments et leur authenticité. Les vendeurs de ces produits révèlent difficilement leurs sources d’approvisionnement. Des descentes musclées des forces de l’ordre suivis de saisies à la suite des plaintes de l’ordre national des pharmaciens ont quelquefois révélés que les fournisseurs sont bien connus et opèrent aussi sur le circuit formel.