L’association « Les Marianne de la diversité » milite pour plus de parité et de diversité dans la politique en France. Elles ont lancé, la semaine dernière, une pétition intitulée « Aux urnes d’accord, parité et diversité d’abord ! » pour rappeler à l’ordre les acteurs politiques à la veille de la présidentielle d’avril prochain.
«Inscrire la diversité féminine comme un espoir pour renforcer notre cohésion sociale et la société française », c’est l’ambitieux projet de l’association « Les Marianne de la diversité ». Née en 2005, à la suite des évènements qui ont embrasé les banlieues françaises, l’association a lancé officiellement une pétition avec le slogan « Aux urnes d’accord, parité et diversité d’abord ! » afin que ces thématiques figurent au premier plan des préoccupations des politiques à la veille de l’échéance électorale d’avril 2006. « Lors de la crise des banlieues, constate Fadila Mehal, membre du Conseil économique et social français et présidente-fondatrice de l’association, il a été beaucoup question des femmes, mais elles ont été absentes des débats ». L’association entend être le porte-voix « d’une classe moyenne de femmes dont la citoyenneté n’est pas négociable et qui ne sont pas des femmes-alibi. Au delà de leurs différences politiques, elles se sont rendues compte qu’elles avaient un bien commun : la République. Une République qui doit avoir du sens et du coeur et qui respecte l’histoire et l’identité.»
La démarche des Marianne de la diversité est d’autant plus urgente, estime Najat Azmy, vice-présidente du bureau de l’association pour le Nord-Pas-de Calais et candidate socialiste à la députation dans la 10e circonscription du Nord, que « s’inscrire dans la citoyenneté s’apparente à un devoir moral ». De fait, les nouvelles générations nées de parents immigrés en provenance, entre autres d’Afrique du Nord, ont compris que leur vie était ici. Contrairement à leurs parents à qui ils demandent de se faire enterrer en France. Selon Fadila Mehal – ancienne conseillère de Jean-Louis Borloo, l’actuel ministre de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement, sur les questions relatives à l’intégration -, on constate ces dernières années un accroissement de la demande des carrés musulmans dans les cimetières. Ce qui revêt une symbolique très forte. « Les revendications des jeunes dans les banlieues, poursuit-elle, en octobre 2005 allaient aussi dans ce sens : iIs ne souhaitent plus être des « Français de papier » ».
Une double discrimination
Dans cette optique, des thématiques comme l’identité, le lien à la patrie d’origine qui peut déboucher sur des actions de co-développement, la question de la prise de parole des femmes sont les principaux axes de travail de cette association. De même que la mise en valeur de parcours de réussite qui peuvent donner confiance à des femmes souffrant d’une double discrimination. Néanmoins, précise sa présidente, « ce n’est pas un club communautaire ». Il s’agirait plutôt d’un « lobby républicain qui pense que la diversité doit être une priorité ». L’association souhaite également que les discours soient relayés par la réalité. Aussi, fortes du constat que « la diversité en politique est une bastille à prendre » et que «la promotion ne se fait pas naturellement en politique », les Marianne sont passées à une étape supérieure. La pétition qu’elles viennent de lancer revendiquent 50% de femmes dans les listes électorales, conformément à la loi sur la parité de juin 2000 qui n’est pas respectée par les formations politiques, et 20% de candidats qui reflètent la diversité de la société française. D’autant que le débat politique actuel ne semble pas vouloir aborder ces questions en profondeur. Bien qu’elles s’imposent d’elles-mêmes à la faveur des législatives de juin prochain.
Cette pétition découle de la Charte interne adoptée par les « Marianne de la diversité » qui définit les grandes lignes de leur action. Elles souhaitent, en outre, la mise en place d’un observatoire qui mesure les avancées faites en matière de diversité et, par conséquent, sont favorables à la collecte de données statistiques tant que ces dernières sont anonymes et facultatives. L’association dispose à ce jour de huit antennes régionales et de quelque 300 adhérents et sont soutenues par d’éminents parrains. On compte parmi eux Blandine Kriegel, la présidente du Haut Conseil à l’Intégration, le sociologue Edgar Morin, Bariza Khiari, la sénatrice PS de Paris, Jean-Louis Boorlo ou encore la cinéaste Yamina Benguigui.