Contrairement aux informations véhiculées, le mariage forcé n’est pas en passe de disparaitre dans le monde. Ils sont particulièrement fréquents en Afrique, notamment dans les zones rurales. Ce fléau qui détruit la vie de millions de jeunes filles, provoquant même parfois leur décès, lié à des complications lors d’accouchements. C’est le constat des experts qui se sont exprimés dimanche sur la question, à l’occasion de la Conférence internationale des Droits humains, au Pays-Bas, à Noordwick.
Toute femme rêve de se marier à l’homme dont elle est amoureuse. Mais ce rêve est impossible pour plus de 14 millions de jeune filles contraintes à se mettre la corde au cou par leurs proches. Une problématique remise sur la table par les experts qui ont participé à la Conférence internationale des Droits humains au pays-Bas, à Noordwick, selon Afriquinfos. Un fléau qui ne faiblit pas et risque même au contraire d’augmenter dans les années à venir, si rien n’est fait, préviennent-ils.
En comparaison au reste du monde, les mariages forcés sont très fréquents sur le continent. A elle seule, en effet, l’Afrique totalise plus d’un cinquième de ces unions. Les zones rurales sont les plus exposées à ce phénomène avec un taux de 44%. En zone urbaine, il est de 22%. La plupart des familles qui pratiquent le mariage forcé sont démunies. La pauvreté est l’une des raisons qui les incitent à offrir leur fille en mariage. Parfois, ce type d’alliance est aussi due à l’amitié profonde qui unie deux familles. Le mariage est donc utilisé pour ne pas rompre cette relation. Seulement, ces unions détruisent la vie de millions de jeunes filles, mettant à mal leur avenir. Pis, ils mettent en danger leur santé, provoquant parfois leur mort, suite à des accouchements compliqués pour notamment les adolescentes âgées de 15 à 19 ans.
L’Onu tire la sonnette d’alarme à Madagascar
En Afrique subsaharienne, Madagascar est l’un des pays les plus touchés par ce type d’union. Les jeunes filles sont mariées très tôt, selon l’Onu, qui a tiré la sonnette d’alarme en décembre 2012, lors de la Journée internationale des jeunes filles. « Le pourcentage d’enfants mariés a augmenté environ de 10 % en cinq ans. Il était de 39 % en 2004 contre 48 % en 2009 », d’après les conclusions du Fond des Nations-unies pour la population (FNUAP). Pourtant une loi, promulguée en 2007, interdit le mariage des mineures de moins de 18 ans, sauf cas exceptionnels ou décision du tribunal. Mais si le fléau continue, « 767 000 jeunes filles nées entre 2005 et 2010 seront mariées, ou en union avant leur 18ème année, d’ici 2030 », prévient l’Onu. Les mariages précoces sont particulièrement élevés dans la région d’Atsimo Andrefana avec 69% des jeunes filles mineures mariées. La région Analamanga, qui occupe la dernière place du palmarès, en compte 35%.
Les grandes villes de la grande île ne sont pas épargnées par le phénomène. Mais c’est surtout les régions qui sont le plus concernées. « Dans les campagnes c’est une coutume », explique Ether Volonana, militante des Droits de l’Homme à Madagascar. Malheureusement, les parents ne se rendent pas compte que leurs filles vivent un véritable calvaire, confie-t-elle. Vulnérables et livrées à elles-mêmes, face à des époux parfois plus âgés qu’elles, elles subissent toutes formes de violences : physique, verbale, morale et même économique. Leurs conjoints ne subviennent pas toujours à leurs besoins. Pis, beaucoup d’entre elles meurent après avoir mis au monde leur enfant. « La plupart des dix femmes qui meurent chaque jour en donnant naissance sont victimes de grossesse précoce », selon le ministère de la Jeunesse et des Loisirs malgache.