Près de 6 millions de Maliens élisent ce dimanche leur Président. Mais le pays est loin d’être sorti de la crise. Beaucoup ont réclamé le report du scrutin, arguant que le pays n’est pas encore prêt pour la présidentielle. Les autorités craignent des troubles qui pourraient entraver le vote.
Les Maliens en ont connu des soubresauts ces derniers mois. Ils n’ont pas oublié la chute du Président Amadou Toumani Touré (ATT) renversé par le capitaine Sanogo. Ni la prise du nord par les groupes armés terroristes, qui a suivi l’intervention militaire française et les troupes africaines pour libérer la région de leur emprise.
Mais le pays n’est toujours pas tiré d’affaire. La crise est toujours là. Et pourtant la présidentielle se tient ce dimanche. Près de 7 millions de Maliens se rendent dans les urnes pour élire leur futur chef d’Etat. Ils ont jusqu’à 18h heure locale pour faire leur choix entre 27 candidats. Parmi eux, une seule femme, la candidate indépendante Aichata Haidara Cissé, et aussi des anciens ministres tels que Soumaila Cissé de l’URD (Union pour la république et la démocratie), natif de Tombouctou, Ibrahima Keita de (l’UPR) Rassemblement pour le Mali), Moussa Mara du parti Yelema (changement), actuel maire de la Commune IV de Bamako. Un deuxième tour est prévu le 11 août prochain si aucun des candidats n’obtient la majorité.
Le Mali pas prêt pour la présidentielle
La sécurité a été renforcée dans le pays, les autorités craignant de nouveaux troubles menés par les terroristes d’Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) pouvant entraver le scrutin. Ces derniers biens qu’affaiblis par l’intervention militaire dans le nord du pays n’ont toujours pas abdiqué. Les troupes françaises de l’opération Serval et de la Mission de l’Onu au Mali ( Minusma) sont chargés de sécuriser le scrutin.
Mais tout cet arsénal sécuritaire est loin d’être suffisant pour permettre à la présidentielle de se tenir dans les meilleures conditions. Pour beaucoup, le pays n’est pas prêt pour le scrutin alors que la crise n’est pas terminée. Le collectif des Maliens de France, qui a manifesté samedi dernier, dénonce des élections biaisées d’avance, fustigeant que 2 millions d’électeurs au Mali n’ont pas reçu leur carte d’électeur. En France, seuls 10% l’auraient obtenu, selon le collectif.
«Kidal toujours pas libérée»
Certains candidats ont même réclamé le report du scrutin. C’est le cas de l’ancien chef de la diplomatie malienne Tiébilé Dramé qui a retiré sa candidature, estimant que les conditions ne sont pas réunies pour la tenue d’un scrutin. Il pointe notamment du doigt la crise à Kidal, fief des Touaregs, où l’insécurité demeure toujours. Au moins quatre personnes ont péri dans des affrontements entre Noirs et Touaregs. Les accords de Ouagadougou ont permis à l’armée de pénétrer dans la localité contrôlée jadis par le Mouvement national de la libération de l’Azawad (MNLA).
Pour autant, la hache de guerre est loin d’être enterrée. Dans ces conditions comment peut-on organiser des élections alors que l’équation Kidal n’est toujours pas résolue par Bamako et le MNLA? s’interroge Mounkoro, père de famille malien, résidant en France, qui n’a pas reçu sa carte d’électeur alors qu’il s’est inscrit sur les listes électorales pour élire son candidat. « La France n’a pas libéré Kidal. Toutes les villes du nord- Mali ont été libérées sauf Kidal, puisque les autorités maliennes n’ont toujours aucun contrôle de la localité », déplore-t-il. « On organise la présidentielle alors qu’il n’y a toujours pas la paix au Mali »…