Le 17e Festival international des théâtres francophones de Limoges vient de présenter, en clôture, la pièce de l’auteur béninois Isidore Sossa Dokpa, au titre trompeur » Mains vides contre Kalachnikov « . Cette satire ne se réfère pas un conflit armé mais à la violence faite à l’encontre de tous les laissés-pour-compte de la société béninoise.
Isidore Sossa Dokpa est celui qui » caresse la francophonie à rebrousse-poil « , comme on l’appelle dans son pays. Et pour cause. Le metteur en scène béninois présentait, ce week-end à Limoges, en clôture du 17e Festival international des théâtres francophones, une pièce dérangeante : » Mains vides contre Kalachnikov « .
Dans une ville africaine, un groupe de mendiants bloque l’artère principale où doivent passer les limousines rutilantes de divers chefs d’Etats africains et européens, réunis pour » LE » sommet de la Francophonie. Le ministre de la Protection sociale décide alors de » nettoyer la ville » de ses gueux trop encombrants. » J’ai voulu montrer quelle était, pour nos gouvernements africains, la vision de la francophonie, explique Isidore Sossa Dokpa. Le zèle, la veulerie, les discours fallacieux de nos chefs d’Etats pour accéder à un certain club de privilégiés, est un scandale. »
Un auteur » antirépublicain «
Tranchant, incisif, l’auteur l’est aussi dans son écriture. Le dramaturge béninois, en révolte contre le » ratonnage » systématique des exclus de son pays, avait été censuré dans son pays lors de la générale, pour cette pièce » aux propos antirépublicains « .
» Mains vides contre kalachnikovs » est entièrement jouée par des comédiens aveugles. Issus d’une école d’apprentissage du braille de Cotonou, ils montent des spectacles avec Isidore Sossa Dokpa depuis 1993. Ces non-voyants vivent l’expérience de l’exclusion depuis leur naissance. Un thème quasi omniprésent dans l’oeuvre de l’auteur contestataire qui le développe sous toutes ses formes comme le racisme ( » Je soussigné Nègre » en 1997), la pauvreté des enfants dans le monde ( » Les enfants de la rue « , 1998), ou encore les victimes de guerre, dans sa prochaine pièce » Humanitaire ou génocidaire « , qui met en cause les ONG (Organisation non gouvernementale).