Les limites du Nepad


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Globe terrestre
Globe terrestre représentant une partie de l'Afrique

L’Afrique accuse un grand retard dans tous les domaines. Le fossé entre les pays du Sud et ceux du Nord ne cesse de s’élargir. Le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) a pour objectif de réduire cet « abîme ». Djilali Benamrane, économiste, analyse les apports et les limites du Nepad.

De Niamey, correspondance particulière

En ce début du 21ème siècle, il est facile de relever un foisonnement d’initiatives d’envergure visant à promouvoir des propositions censées entrouvrir de nouvelles voies d’espérance pour le continent africain en perdition. Les illustres auteurs de ces initiatives s’inscrivent dans une démarche plaidant pour un afro-optimiste porteur d’avenir pour leurs populations éprouvées dans leur grande majorité par la pauvreté et la misère. Cette accélération soudaine des événements semble découler d’une dynamique instaurée par la Déclaration du Millénaire, adoptée en septembre 2000 par l’Assemblée Générale des Nations Unies.

Le contexte historique

Très rapidement, l’Afrique va réagir aux recommandations onusiennes et se payer le luxe de présenter officiellement diverses initiatives alternatives et/ou intégratives. En février 2001, à Davos en Suisse, puis à Gênes en Italie en juillet 2001, où eut lieu la rencontre du Groupe des huit pays les plus industrialisés (G8), puis à New York en septembre 2001, lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, réunie en session extraordinaire sur l’Afrique, et enfin plus récemment en mars 2002, à Monterrey au Mexique lors de la Conférence mondiale sur le financement du développement . La première de ces initiatives, dite « Plan Omega », fut inspirée par le Président Wade du Sénégal.

La seconde dite « Plan Africain pour le Millénaire » ou « Programme de Redressement Africain – PRA -‘ » ou « Millenium African Plan – MAP – » fut inspirée par les Présidents Bouteflika d’Algérie, Mbeki d’Afrique du Sud et Obasanjo du Nigeria. Une troisième initiative a été l’oeuvre de la Communauté Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et a circulé discrètement en juillet 2001, sous l’intitulé « Compact pour l’Afrique ». Une quatrième initiative a été sponsorisée par cinq chefs d’Etat : Afrique du Sud, Algérie, Egypte, Nigeria et Sénégal, et adoptée par le Sommet de l’OUA (Organisation de l’Union Africaine) en juillet 2001, sous l’appellation « Nouvelle Initiative Africaine – NIA – » – Fusion de l’Association du Millénaire pour le Programme de Redressement Africain (PRA) et du Plan Omega. Enfin, le « Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique – Nepad – « , adopté par le Sommet d’Abuja en octobre 2001, est venu couronner le processus.

L’état des lieux

Le continent africain, malgré le pillage dont il continue à faire l’objet sans discontinuité depuis des siècles, constitue encore une source significative de matières premières et de main d’oeuvre à bon marché dont l’exploitation abusive contribue à la formation de profits accaparés par le Nord. Des décades après sa décolonisation, loin de combler le fossé qui le sépare de l’opulence et de la prospérité du monde nanti du Nord, le continent africain continue de sombrer dans les profondeurs de la pauvreté, de la misère et de la désespérance.

Au fil des années, les perspectives de rattrapage entre le Nord et le Sud s’éloignent. Les engagements souscrits visant l’octroi de 0,7% du PIB (Produit Intérieur brut) des pays riches, sous forme d’aide aux pays en développement, de même que les efforts particuliers promis aux responsables des pays les moins avancés (PMA), n’ont jamais été tenus.

Aujourd’hui, l’Afrique fait pitié. Elle accuse dans la presque totalité des domaines, plus de retard et de recul que jamais. Le peu de compétences construites lentement après les indépendances à prix fort, à coup de projets et de programmes de renforcement des capacités, a été sacrifié sur l’autel des sacro-saints concepts de l’équilibre macroéconomique, du dégraissage de la fonction publique et du déguerpissement des meilleurs agents de l’Etat, spécialement ceux venus à maturité et capables d’interrogations sur la faillite des réformes imposées.

Les apports et les limites du Nepad

La démarche volontariste de ce document pour intégrer une multitude d’initiatives qui s’inhibent mutuellement est à saluer. Mais, elle constitue un couteau à double tranchant : les responsables de l’Afrique se considèrent comme des concepteurs soucieux de poser des actes pour transformer la situation peu enviable de leur continent et pour le sortir de sa malédiction. Pour ce faire, ils revendiquent l’instauration d’un rapport nouveau entre partenaires !

Ils revendiquent le droit et le devoir de rompre avec la pratique traditionnelle et la logique implacable de l’aide. Cependant, qui prône un rapport de partenariat équilibré devrait pouvoir s’inscrire dans une logique de réponse à la satisfaction d’intérêts réciproques qui se compensent. Or, on se demande bien ce que les responsables africains ont à offrir que leurs « partenaires » n’ont déjà coutume de prendre, du seul fait de la rente de situation dont ils disposent ?

Le Nepad ne serait-il en définitive que la simple apparence d’une initiative générée par l’Afrique, laquelle, bien que synthétisant des documents fortement influencés par la pensée unique et l’ultra libéralisme, ne sert que d’alibi pour que les choses cheminent aux conditions et aux rythmes décidés unilatéralement par le G8 et les institutions internationales aux ordres ?

Djilali Benamrane

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