Près de 300 artistes et 3000 invités sont attendus, dimanche soir, aux Kora Awards 2010. Au cours de la cérémonie, seront récompensés les meilleurs artistes et groupes musicaux de l’Afrique et de sa diaspora. Après quatre ans d’absence, l’événement, né en Afrique du Sud, refait surface au Burkina Faso, au Palais des sports de Ouagadougou, où se produiront une pléiade de musiciens dont l’invité d’honneur, le rappeur américain d’origine sénégalaise Akon.
Nés en 1996, en Afrique du Sud, les Kora Awards s’y sont déroulés chaque année jusqu’en 2005. Depuis cette date, le président et producteur exécutif de l’événement, le Béninois Ernest Coovi Adjovi, cherche un nouveau port d’attache. Après de nombreux pourparlers avec le Nigeria, c’est finalement au « pays des hommes intègres » qu’il se tiendra demain. Sur place, les équipes techniques sont à pied d’œuvre pour faire de cette cérémonie une grande réussite. Les premières éditions avaient placé la barre très haut. Michael Jackson, Myriam Makeba, Nelson Mandela, pour ne citer que ceux-là, y avaient participé. Cette année sont entre autres annoncés Akon, Cesaria Evora, Guillaume Soro, le Premier ministre ivoirien, et le président burkinabè Blaise Campaoré, l’hôte de la manifestation culturelle qui doit être retransmise sur le réseau de Canal France Internationale (CFI). Le promoteur de l’événement nous a accordé un entretien.
Afrik.com : La cérémonie des Kora Awards se déroulera dans quelques heures seulement. Je suppose que le stress est à son comble !
Ernest Coovi Adjovi : Oui, je suis très stressé. C’est un peu comme le trac qu’ont les vedettes avant de monter sur scène. Quand on est perfectionniste, on a le droit d’avoir peur. Mais on a le soutien du peuple, celui des autorités. Les préparatifs se passent vraiment bien. Les Koras renaissent enfin de leurs cendres.
Afrik.com : Pourquoi les Koras Awards, dont toutes les éditions depuis 1996 se sont tenues en Afrique du Sud, ont lieu cette année au Burkina Faso ?
Ernest Coovi Adjovi : Les Kora Awards se sont déroulés en Afrique du Sud pendant dix ans. Ce pays nous a tout donné, au point vue des infrastructures, du savoir-faire… Mais quand on sort du pays de Madiba, on se demande si ça va marcher. Nous avons quitté l’Afrique du sud en 2005, sous l’injonction du président de la commission de l’Union africaine de l’époque, Alpha Oumar Konaré. Nous avions du mal à trouver des subventions sur place, alors il nous a encouragés à partir et il s’est proposé de nous aider à trouver un autre pays d’accueil. Au Nigeria, le président Obasanjo nous a dit qu’il était prêt à nous recevoir. Mais le Nigeria est un pays très difficile. Nous avons acheté la plus grande tente qui existe au monde. Elle peut prendre 22 500 personnes. Pour aménager le site qui doit accueillir cette tente, Lagos paye 27 millions de dollars. Mais il y a eu des problèmes avec la société allemande qui devait faire les travaux. Les années passant, nous avons commencé à perdre de notre crédibilité. Fort heureusement, les autorités du Burkina Faso nous ont accueillis.
Afrik.com : La tenue de la manifestation avait été préalablement annoncée pour la fin de l’année 2009. Et finalement, elle a lieu en avril 2010. Quelles raisons expliquent ce report ?
Ernest Coovi Adjovi : En mai 2009, nous étions à Ouagadougou dans le cadre de la préparation de Miss Malaïka. Quand nous leur avons parlé des problèmes de salle que nous avions pour organiser les Kora Awards, les autorités burkinabè nous ont proposé le Palais des sports de Ouaga 2000. Mais après les inondations de septembre, nous avons dû reporter la tenue de l’événement dont la date avait été fixée au mois de décembre. Nous avions déjà des sponsors, mais il y avait eu des morts, il y avait des sinistrés, ce n’était pas possible.
Afrik.com : Pourquoi les sponsors sud-africains, qui avaient largement financé les premières éditions des Kora Awards, ont cessé de vous soutenir ?
Ernest Coovi Adjovi : Quand nous sommes arrivés en 1996, l’Afrique du Sud était dans une période de « Reverse discrimination » (discrimination inversée, contre les blancs). Les noirs s’affirmaient. Mais au début des années 2000, c’est devenu plus difficile pour nous de trouver des financements parce qu’on est passé à une politique de « Réconciliation », dans le cadre de laquelle nous ne rentrions pas. Tous les directeurs commerciaux, qui sont souvent noirs, avaient peur de mécontenter leurs patrons blancs, parce que les artistes blancs ne trouvaient pas leur place dans l’événement que nous organisions. Et les blancs ne se trouvaient pas assez concernés par ce que nous faisions.
Afrik.com : Vous promettez au gagnant des Kora Awards 1 million de dollars (US) de récompense. C’est une coquette somme !
Ernest Coovi Adjovi : L’idée de donner 1 million de dollars (US) au gagnant, ce n’est pas nous qui l’avons eue. C’est le conseiller du gouverneur d’un état du delta, au Nigeria, qui nous a dit qu’il y avait un sponsor, la First Bank, la plus grosse banque du pays, qui était prêt à donner cette somme au vainqueur. D’autre part, il y a des gens qui jouent au golf et repartent avec 5 M$ en une journée. De même pour nos frères footballeurs africains qui jouent dans les grands clubs et gagnent beaucoup d’argent. Ca ne nous gêne pas que les artistes gagnent beaucoup d’argent eux aussi. Les Kora Awards, c’est un événement qui est connu, qui voit grand et qui veut faire du bruit. Donc ce prix est important. (…) Imaginez que dans dix ans, on dise que nous avons réussi à faire 10 artistes millionnaires en dollars. Ce serait formidable !
Afrik.com : Qui finance les Kora Awards ?
Ernest Coovi Adjovi : Nous sommes au Burkina Faso. Nous n’avons pas envie de gêner ceux qui nous ont aidés… Ce que je peux vous dire, c’est qu’au moins 10 de nos sponsors nous ont donné 50 000 dollars (US). Parmi nos sponsors figurent la Banque Atlantique, la Coris Bank et Brakina (marque de bière burkinabè). C’est principalement le Burkina Faso qui nous a aidé. L’événement se place dans le cadre des accords d’amitié et de coopération ivoiro-burkinabè. L’annonce de l’événement a été faite à Yamoussoukro, le 20 décembre. La Côte d’Ivoire aussi nous a aidés.
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