Initiés dès leur plus jeune âge aux rythmes traditionnels, Ben et Peter Ndocko alias Les jumeaux de Masao publient «Mukeng», leur deuxième album. Ils créent une musique qui puise au plus profond de la tradition camerounaise pour la moderniser et l’offrir en partage au public. Interview.
Les jumeaux de Masao baignent depuis leur tendre enfance dans un environnement musical. Il faut dire que leur mère était une chanteuse de rythmes traditionnels. C’est donc tout naturellement que Benoît et Pierre Ndocko, plus connus sous les sobriquets de Ben et Peter, fréquentent assidûment les chorales d’église. Mais ils animent et organisent aussi des soirées dansantes. C’est ce qui les a amenés notamment en France, en Allemagne et en Angleterre. Depuis le milieu des années 1990, ils se sont installés à Sarcelles, dans la banlieue parisienne. Encouragés par l’une de leurs idoles, le célèbre musicien et musicologue camerounais Francis Bebey, ils publient leur premier album en 1997. Conscients de la nécessité pour eux de poursuivre leur apprentissage, en 2001, ils demandent à intégrer le Studio des variétés, un centre de formation pour artistes débutants ou confirmés, qui se trouve à Paris. Trois ans plus tard, ils entrent au conservatoire de musique de Sarcelles. Ce parcours leur a permis d’étoffer leur bagage artistique. Ils publient aujourd’hui un deuxième album qui frappe surtout par sa maturité et la puissance émotionnelle qui s’en dégage.
Afrik.com : Que signifie le nom « Masao » et comment définiriez-vous la musique que vous faites ?
Les jumeaux de Masao : En fait, Masao est un mot douala – une des centaines de langues parlées au Cameroun – qui veut dire applaudissements, ou encore houra… Et pour ce qui concerne notre musique, c’est à la base une musique traditionnelle qui s’appelle l’Esewe et que nous tentons de moderniser, par l’apport de timbres
instrumentaux modernes.
Afrik.com : Votre premier album est paru en 1997. Pourquoi avoir attendu dix ans pour ce deuxième album ?
Les jumeaux de Masao : Tout simplement parce que nous souhaitions prendre un peu de recul après notre première expérience. Cela nous a également permis de nous remettre en question sur notre démarche musicale et de choisir une voie plus acoustique. Et il nous a aussi fallu du temps pour trouver les personnes les plus fiables, les plus compétentes pour collaborer à la réalisation de ce nouveau projet.
Afrik.com : Pour vendre et se faire connaître, de nombreux artistes camerounais font aujourd’hui une musique essentiellement festive et qui mélange de façon parfois très approximative makossa, coupé-décalé, dombolo… Pourquoi avez-vous choisi de retourner à des rythmes traditionnels ? Et quelles sont vos principales influences musicales ?
Les jumeaux de Masao : Nous n’avons pas voulu choisir la facilité ! Et surtout, ce sont les rythmes traditionnels qui ont bercé notre enfance et qui correspondent à notre esthétique musicale. D’autre part, nous somme fiers de pouvoir transmettre cette musique-là. Et pour ce qui concerne nos influences musicales, il y a essentiellement la musique traditionnelle africaine, le Reggae, la Salsa, la Soul music et le Jazz.
Afrik.com : Pour ce deuxième album « Mukeng », quelles sont les personnes qui vous ont accompagnées artistiquement et humainement ?
Les jumeaux de Masao : S’agissant des personnes qui nous ont accompagnés d’un point de vue artistique, il y a notre réalisateur Philippe Robert, notre percussionniste Christian Miano dit « Dody », Noel Ekwabi le bassiste principal de l’album, Valérie Bélinga – qui est une grande chanteuse Camerounaise qui mériterait d’être plus connue. Et en dehors des artistes, il y a l’écrivain Lydie Dooh-bunya, Amobé Mevegué, Philippe Mbappé, Marcel Amoko, journaliste à la BBC, Mr. Esso Priso.
Afrik.com : Quels sont vos projets pour les mois à venir (concerts, tournées, festivals…) ?
Les jumeaux de Masao : Nous préparons actuellement un clip Video, avec un remix d’un titre du dernier l’album – c’est une petite surprise pour tous ceux qui nous suivent. Et bien sûr, des concerts sont prévus ; il y aura notamment une tournée au Cameroun. Nous sommes en train de tout mettre en place pour cela. Et pour tous nos amis Parisiens – et tous les autres bien sûrs – nous jouerons les 14 et 15 Mars Chez Moussa l’Africain – l’excellent restaurant du chef d’origine camerounaise Alexandre Bella Ola, et qui est situé 25-27, avenue Corentin Cariou, dans le 19ème arrondissement de Paris (M° Porte de la Villette).