Les journalistes congolais mieux protégés


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Drapeau de la République Démocratique du Congo
Drapeau de la République Démocratique du Congo

Alors que les arrestations de journalistes et leur détention intempestive par les autorités étaient devenues monnaie courante en RDC, le ministre de la Justice congolais vient d’éditer une note pour protéger les hommes de médias. C’est un peu de baume au coeur des journalistes congolais traumatisés par les tracasseries des services de sécurité.

De notre correspondant à Kinshasa

« La seule qualité de journaliste ne peut, en aucun cas, justifier une systématisation de la mise en détention préventive ou de la mise en arrestation des personnes qui pourtant jouent un rôle fondamental dans la consolidation de la démocratie dans notre pays. » C’est ainsi qu’est formulée la note d’information que le ministre congolais de la Justice, Ngele Masudi, a adressé, lundi 12 août 2002; au procureur général de la République, à la Cour d’Appel de Kinshasa ainsi qu’à la Cour d’Ordre Militaire de Kinshasa (Com). Cette note du ministre, véritable rappel à l’ordre auprès des juridictions civiles et militaires de la ville de Kinshasa, fait le grand bonheur des journalistes et surtout celui des organisations de défense des droits des journalistes et des droits de l’Homme.

D’une manière inexpliquée, les journalistes congolais ont constitué ces derniers temps une cible privilégiée des magistrats. Alors que le 3 mai 2002, Journée mondiale de la liberté de la presse, les journalistes congolais s’étaient réjouis de ne compter aucun journaliste en détention, depuis fin juillet 2002, les interpellations suivies d’arrestations immédiates de journalistes se succèdent d’une manière inquiétante.

Rafle de journaux

Journaliste en Danger (JED), une organisation de défense de la liberté de la presse, a sonné l’alerte la première à la suite d’une rafle d’exemplaires de journaux, dont ceux du quotidien La Tempête des Tropiques qui, sur sa Une, a exagérément gonflé le bilan d’une altercation entre un policier et un militaire. Altercation qui a failli se terminer par une bataille rangée entre policiers et militaires dans la commune de Kintambo à Kinshasa. Le journal avait annoncé quatre morts mais le bilan s’est révélé moins catastrophique : un seul blessé grave a été déploré.

Outre la rafle des exemplaires du journal, cinq journalistes de La Tempête des Tropiques, dont l’auteur de l’article, ont été interpellés par les services de sécurité et détenus toute une journée dans un cachot de la police. « Nous avons protesté devant les services de sécurité parce que la seule sanction en la matière ne doit pas être la détention des journalistes, déclare Thivis Tshivuadi, secrétaire général de Journaliste en Danger. Bien plus, une rafle de journaux dans les kiosques est une atteinte flagrante à la liberté de la presse. »

Trois journalistes en prison

L’Observatoire Congolais des Droits de l’Homme, LaVoix des Sans Voix ainsi que Journalistes en Danger ont, tour à tour, dénoncé « les arrestations intempestives, programmées et ordonnées par des magistrats contre les journalistes » et adressé une salve de protestations au ministre de la Justice. La démarche semble avoir porté les fruits escomptés. Mais il n’empêche. Les journalistes restent traumatisés.

Eugène Ngimbi Mabendo, reporter au journal L’Intermédiaire, arrêté le 7 août 2002 et libéré le12, avait été poursuivi pour avoir critiqué le procureur de la Cour d’Ordre Militaire, le colonel Charles Alamba, dont l’acharnement contre les journalistes est inexpliquable. « Je me demandais dans mon papier pourquoi le procureur de la Com avait décidé d’interdire l’accès au procès sur l’assassinat du président Laurent Désiré Kabila aux journalistes de la presse privée, explique Eugène Ngimbi Mabendo. Cela ne doit pas me valoir d’être déféré devant la Cour d’Ordre Militaire. Aujourd’hui, le procès de l’assassinat du président Kabila n’est couvert par aucun journal. Résultat, les Congolais ne suivent pas le procès et ne sauront pas ce qui s’est réellement passé le 16 janvier 2001. Pourtant, c’est leur droit le plus absolu. »

Pour le moment, trois journalistes sont toujours détenus à la prison centrale de Makala à Kinshasa. Achille Ekele Ngolyma, du journal satirique Pot Pourri ainsi que Delly Bosange et Raymond Kabala, du journal L’Alerte. A Raymond Kabala, il est reproché d’avoir annoncé l’entrée dans un coma profond de Mwenze Kongolo, ministre de l’Ordre et de la Sécurité Publique. L’information, bien que circulant dans divers organes de presse de la capitale congolaise, n’a jamais formellement été confirmée ni de source médicale ni de source gouvernementale.

Course au sensationnalisme

Raymond Kabala s’est plaint publiquement de ses conditions de détention dans un cachot des services de sécurité : « J’ai été jeté sans ménagements dans une chambre exigüe et sans lumière, non loin du ministère de l’Intérieur, a-t-il déclaré. La nuit, j’ai été délesté de mes habits, roulé sur du gazon mouillé et obligé d’inhaler des odeurs de matières fécales ». Les services du ministère de la Sécurité et de l’Ordre Public, contactés sur ce point, ont catégoriquement démenti les allégations du journaliste. « Il n’y a rien de vrai dans les déclarations de ce journaliste », s’est insurgé Banza Tiefolo, chargé de communication du ministère.

L’Union de la Presse du Congo(UPC) regrette par contre une certaine légèreté des journalistes congolais dans le traitement de l’information. Valère Mulopo, secrétaire général de l’UPC et professeur à l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication(Ifasic), estime que les journalistes congolais pourraient s’éviter des ennuis inutiles avec les services de sécurité et de la police s’ils mettaient plus de soin à vérifier leurs informations avant leur diffusion.

« C’est la course effrénée vers le sensationnalisme ou l’information exclusive qui pousse le journaliste congolais à ne pas se prémunir des précautions nécessaires. Des fois, il n’est même pas témoin oculaire du fait. Je me réjouis, bien entendu, de la décision du ministre de la Justice de condamner la systématisation des arrestations des journalistes mais j’attire tout de même l’attention des journalistes, surtout des jeunes, sur le respect des règles professionnelles. »

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La rédaction d'Afrik, ce sont des articles qui sont parfois fait à plusieurs mains et ne sont donc pas signées par les journalistes
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