Les jeunes Camerounais et les vacances


Lecture 3 min.
Cameroun enfant commerce
Cameroun, enfant-vendeur

Après neuf mois d’intenses activités académiques, la période de cessation de cours, autrement appelée « vacances scolaires », serait un moment de repos pour les jeunes scolarisés. Mais que constatons-nous, quelques jours après la remise des bulletins de troisième trimestre ?

Comme des chiens déchaînés, les jeunes de tous les âges et de tout sexe, sillonnent les rues et marchés, pas avec des cartables, mais des plateaux et seaux transparents, afin de vendre les arachides, les beignets soufflés, les avocats, les ananas, les bonbons, les biscuits, les lotus, du maïs et prunes braisés… Certains jeunes, par contre, se rendent dans les villages, afin d’aider les parents et grands-parents dans les travaux champêtres et aussi, apprendre les langues vernaculaires. Finie cette période des belles vacances d’antan. Mais tout cela a bien une explication.

A partir de 1986-87, l’économie connaît une forte contraction avec des taux de croissance négatifs. La crise qui s’est installée au Cameroun depuis 1985-86 est due principalement à la chute des prix internationaux des principaux produits d’exportation (pétrole, café et cacao) de 45% au cours des trois dernières années budgétaires, combinée avec une dépréciation d’environ 40% du dollar par rapport au FCFA, monnaie sur la base de laquelle sont libellés les prix des principaux produits d’exportation. Sur le plan interne, les insuffisances et les limites de certaines politiques (comme la tentative d’industrialisation par substitution des importations) jusqu’alors menées tendent à amplifier les effets pervers de tous ces facteurs sur l’ensemble de l’économie nationale. Pour la majorité des parents, il faut donc prendre ses dispositions pour mieux aborder l’année scolaire à venir. Ce qui les pousse à solliciter les services de leurs enfants, qui passent le clair de leurs vacances à exécuter des travaux, souvent durs.

« Lorsque je vois la façon dont nos enfants passent les vacances, je fonds vraiment en larmes. Quand je sais qu’autrefois, pendant les vacances scolaires, pour éloigner l’ennui, les jeunes se divertissaient de manière spontanée et les entreprises recrutaient les stagiaires. Les loisirs courants étaient les promenades, le sport (championnat de football), divers jeux de société. A cause du manque d’encadrement, seule la fonction ludique du jeu était prise en compte. Les cours de vacances auxquels étaient contraints certains enfants, ne développaient que des activités scolaires. De nos jours, il existe très peu d’institutions d’animation des vacances scolaires pour jeunes intégrant les fonctions récréative et éducative du jeu », déclare Jacqueline Nong.

« La période des vacances scolaires varie, selon la classe fréquentée, de deux à quatre mois. En zone urbaine, les jeunes garçons sont le plus souvent oisifs et exposés aux fléaux sociaux que sont la violence, le vol, la paresse, les mauvaises fréquentations, la sexualité précoce, etc. Les enfants occupés sont soit les filles soumises aux tâches ménagères soit des gamins (garçons et filles) issus des familles démunies qui font le petit commerce ambulant et qui de fait, sont privés de leurs droits aux loisirs, de telle enseigne que mêmes les colonies de vacances pour des jeunes Camerounais permettaient à ceux-ci de se rendre dans l’arrière-pays pour des vacances inoubliables et utiles, n’existent plus », déplore Jacqueline Nong.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News