En dépit de tous les signaux forts que l’Algérie a émis en direction des investisseurs étrangers, les résultats obtenus en matière d’investissements internationaux restent dérisoires. Les entreprises étrangères continuent de la bouder.
De 1990 à ce jour, l’Algérie n’aurait capté qu’environ 0,2 % des flux de capitaux européens en moyenne par an, alors que des pays comme l’Egypte, le Maroc et la Tunisie ont réussi à en mobiliser respectivement 30, 14 et 11 %. A l’évidence, l’Algérie ne constitue pas pour les Européens une zone d’investissement privilégiée. Elle n’aurait attiré durant la décennie 1990/2000 qu’environ 28 millions de dollars en moyenne par an, alors que l’Egypte, le Maroc et la Tunisie en auraient capté respectivement 19,14 et 12 fois plus, selon une étude du Centre de recherche en économie pour le développement (Cread).
C’est un bien maigre résultat que confirme un tout récent bilan du ministère de la Participation et de la Coordination des réformes qui constate que 500 millions de dollars seulement ont été investis en Algérie par des étrangers au cours de ces sept dernières années. L’adhésion prochaine de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et à la zone de libre-échange euroméditerranéenne est-elle de nature à faire affluer les capitaux étrangers vers notre pays ? Rien n’est moins sûr, l’investissement direct étranger, comme n’importe quel investissement du reste, obéit aux sacro-saintes lois du profit et du moindre risque. En d’autres termes, pour que les investisseurs étrangers s’intéressent à notre pays, il faudrait d’abord que les pouvoirs publics consentent à y mettre de l’ordre et commencent déjà par tirer profit de l’état de nos relations commerciales avec les voisins européens.
Maigre bilan
Il est en effet anormal, pour un pays qui effectue environ 62 % de ses achats et 65 % de ses exportations avec les pays de la CEE, que ces derniers investissent aussi peu en Algérie. Ces échanges économiques fructueux et les liens culturels forgés par l’Histoire et la proximité géographique prédestinaient pourtant notre pays à des flux de capitaux autrement plus accrus. Ce n’est malheureusement pas le cas, et les chiffres révélés par l’étude du Cread sont à cet égard sans appel. En matière d’investissements directs en provenance de l’Union européenne, l’Algérie reste le parent pauvre des pays de la rive sud de la Méditerranée avec à peine 0,14 % en 1996, les autres pays, à l’instar de l’Egypte (28 %), du Maroc (11,8 %), de la Tunisie (7,13 %), et surtout d’Israël et de la Turquie (45 %), ayant à l’évidence été plus attractifs.
Le problème est inquiétant car cette inaptitude à capter les investissements directs étrangers réduit considérablement nos chances d’évoluer à armes égales avec les pays qui intégreront la zone de libre-échange avec des économies revigorées par les capitaux étrangers. Le problème est d’autant plus inquiétant que le potentiel industriel de l’Algérie, en grande partie constitué dans les années 70 et 80, court le risque d’être totalement déclassé à l’échéance 2010, si des actions de renouvellement et de modernisation ne sont pas, dès à présent, engagées, à la faveur d’un partenariat euroméditerranéen notamment.
Diversifier les partenariats
L’Algérie, qui n’a à l’évidence pas les moyens financiers requis pour conduire à elle seule des remises à niveau aussi massives, doit absolument parvenir à capter les flux de capitaux en concrétisant au plus tôt les intentions d’association en gestation depuis plusieurs années. Et ce ne sont pas les intentions qui manquent puisqu’il y aurait, selon une source proche de l’Agence de promotion et de soutien des investissements (APSI), pour plus de 20 milliards de dollars d’intentions d’investissements directs étrangers que l’Algérie n’arrive toujours pas à concrétiser pour de malheureuses histoires d’absence de centre de décision, d’inaptitude du système bancaire et de retard dans la mise à disposition des commodités nécessaires (terrains, énergie, téléphone, etc.).
Autant de blocages qui ne céderaient que sous la pression d’une réelle volonté politique. Pour mieux comprendre l’enjeu capital de l’investissement direct étranger dans l’insertion d’un pays à l’économie mondiale, il faut savoir que pour un étranger l’IDE consiste à investir dans une société étrangère des capitaux qui lui donneront un droit de regard sur la gestion de l’entreprise dont il devient actionnaire au sens du droit commercial.
Le partenariat (ou l’association) résultant d’un investissement direct étranger peut, selon le cas, prendre la forme d’une joint-venture, d’une filiale, d’une fusion-acquisition et autres formes juridiques mutuellement négociées. Du fait qu’elles permettent de développer les exportations industrielles, la diffusion de la technologie et la libre circulation des capitaux, ces associations peuvent contribuer à l’insertion progressive de notre économie dans la division internationale du travail et sont autant d’actions nécessaires pour que l’Algérie ait de réelles chances de capter une part significative des capitaux étrangers en attente de placement.
Par Nordine Grim