Les inondations entraînent le report de la rentrée scolaire pour des millions d’élèves ouest-africains


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Près trois millions d’élèves des cours primaires et secondaires d’Afrique de l’Ouest démarreront les classes cette année avec plusieurs semaines de retard, alors que d’autres passeront leurs premiers jours de classe sous des hangars, en raison des inondations exceptionnelles qui ont frappé la région.

Après les pluies diluviennes, les salles de classe, dans de nombreuses régions, sont encore occupées par les familles déplacées et des routes et des ponts ont été emportés par les eaux ; une situation qui a contraint les gouvernements du Togo et du Mali à reporter la date de la rentrée scolaire.

Au Togo, où la région du nord-est a été durement frappée par les inondations, le gouvernement a reporté la date de la rentrée des classes dans tout le pays « pour éviter d’avoir un système éducatif à deux vitesses », a déclaré le ministre de l’Enseignement primaire et secondaire sur les ondes de la télévision nationale. Pour les quelque 1,8 million d’élèves togolais, la rentrée des classes aura lieu le 17 octobre, soit un mois après la date initialement prévue.

Les autorités togolaises craignent que les inondations – dans la région nord des Savanes – n’aient aussi un impact à long terme sur l’éducation des enfants.

Outre la dégradation des bâtiments scolaires, Memounatou Ibrahima, ministre des Affaires sociales et de la promotion féminine a, dans une lettre adressée le 13 septembre au président Faure Gnassingbe, souligné que des familles avaient tout perdu et que leur vulnérabilité économique pourrait justifier la non scolarisation de leurs enfants.

Au Mali, la rentrée des classes pour les quelque deux millions d’élèves est prévue le 2 octobre, au lieu du 17 septembre. Dans d’autres pays affectés par les inondations, l’année scolaire démarrera à la date prévue, mais avec quelques perturbations, les communautés sinistrées devant nettoyer les dégâts causés par les inondations.

Des réactions diverses

La décision de reporter la date de la rentrée des classes a suscité diverses réactions. Pour certains, le report de la rentrée scolaire perturbait leur organisation. Pour d’autres, ce report était perçu comme un soulagement, en partie parce que la date initiale de la rentrée des classes coïncidait avec le début du mois sacré du Ramadan – une période généralement propice aux dépenses supplémentaires.

« J’ai demandé un congé de deux semaines pour pouvoir préparer et suivre le début des cours de ma fille qui commence la maternelle », a déclaré Dossou Francine, employée dans une société de fourniture de matériel informatique à Lomé, la capitale togolaise. « Avec le report, il me sera difficile de la suivre correctement », a-t-elle ajouté.

Pour Afanou Paul, un retraité vivant à Lomé, il est temps que les enfants retournent à l’école. « Ils ne font que manger, crier et regarder la télévision. Quand les vacances durent trop, les enfants reprennent difficilement les classes », a-t-il dit.

Au Mali, le report de la rentrée des classes a été bien accueilli par certaines personnes.

« Je suis content du report de la date de la rentrée », a confié à IRIN Adama Diarra, père de cinq élèves. « A vrai dire, je n’étais pas prêt […] La date du 17 septembre coïncidait avec le début du mois de Ramadan ; c’est le mois des dépenses, avec le sucre, le riz et toutes les autres obligations. Puis, il y a les tenues scolaires, les fournitures, les frais de transport. Vous comprenez donc pourquoi je suis content […] D’ici au 2 octobre, je pourrai faire des économies pour bien préparer la rentrée ».

Selon un fonctionnaire du ministère malien de l’Education qui a requis l’anonymat, le gouvernement n’était de toute façon pas prêt à démarrer l’année scolaire à la date prévue.

« La réalité aujourd’hui est que de nombreuses classes devant accueillir les élèves ne sont pas achevées ; les dotations des directions en craie, livres et autres fournitures ne sont pas faites ». Des retards sont observés également dans le recrutement et l’orientation des enseignants, a-t-il ajouté.

Mauritanie, Niger, Bénin

En Mauritanie, où plus de 30 000 personnes ont été affectées par les inondations, le gouvernement a maintenu la date du 1er octobre pour la rentrée scolaire. A Titane, une ville du sud-est frappée par les inondations, certaines communautés organiseront les cours sous des hangars en attendant la réhabilitation des salles de classe, a expliqué à IRIN Ali Fall, le secrétaire général de l’éducation nationale.

Au Niger, où le gouvernement affirme que les inondations ont affecté quelque 16 700 personnes, la rentrée des classes devrait avoir lieu comme prévu le 1er octobre, mais cette date pourrait être modifiée lors de la réunion du conseil de l’éducation nationale qui se tiendra les 25 et 26 septembre, a indiqué Maiga Younoussa, secrétaire général de l’enseignement du secondaire et supérieur.

Au Benin, certaines régions ont également souffert des inondations. Prévue initialement le 17 septembre, la rentrée scolaire a été reportée au 4 octobre pour des raisons administratives qui ne sont pas liées aux inondations, a confié à IRIN un fonctionnaire de l’éducation nationale.

Selon les estimations des Nations Unies, plus de 550 000 personnes ont été affectées par les inondations dans les 12 pays d’Afrique de l’ouest.

Source IRIN

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