Ange-Félix Patassé a la baraka. Victime de plusieurs tentatives de coups d’Etat, l’élégant président centrafricain est toujours en poste.
Certes, son pays est exsangue, atteint d’une instabilité politique chronique. Il est vrai aussi que son régime tient grâce à son « frère » libyen, Moammar Kadhafi. Et, depuis deux ans, avec l’aide de Jean-Pierre Bemba, le rebelle congolais qui n’hésite pas à faire franchir la frontière à ses hommes pour sauver son « frère aîné ».
Mais toute sa fratrie a fort à faire pour maintenir Ange-Félix Patassé au pouvoir. C’est que l’homme fort de Bangui a beaucoup d’ennemis. D’abord, chez ses compatriotes, l’ancien président André Kolingba qui n’a jamais renoncé à revenir au sommet de l’Etat, puis son ancien ministre de la Défense, Jean-Jacques Demafouth, blanchi dernièrement par la justice centrafricaine et enfin François Bozizé, ancien chef d’état-major. Trop de monde. Et François Bozizé n’est pas homme à se décourager facilement. Il faut dire aussi qu’il a un soutien de poids : Idriss Deby.
N’Djaména ne cache pas son soutien François Bozizé. D’ailleurs, le maître d’oeuvre de la nouvelle tentative de coup d’Etat est actuellement dans la capitale tchadienne. C’est de N’Djaména qu’il dirige les combats qui font rage à Bangui depuis vendredi dernier. Accueilli par la France, il y a un peu plus d’une semaine, pour désamorcer la tension entre le Centrafrique et le Tchad, François Bozizé n’a eu aucun mal à prendre un vol régulier Paris-N’Djaména ce week-end. Un porte-parole du ministère français des Affaires Etrangères a déclaré sans rire à la presse : « Nous ne savons pas où il est ». Une disparition annoncée.
Le retour de la stabilité à Bangui passe nécessairement par N’Djaména. Tant que les deux capitales n’arriveront pas à régler leurs contentieux, et que Tripoli et N’Djaména demeureront ennemis, il y a peu de chances que la paix s’installe dans cette partie de l’Afrique centrale.