Jeune Afrique publie ce mardi un sondage sur les intentions de vote des Français d’origine africaine. D’après cet instantané, la candidate du parti socialiste remporterait largement le premier tour devant le champion de la droite, Nicolas Sarkozy, et celui du centre, François Bayrou. La rédaction du magazine hebdomadaire estime que ce sondage permet de démonter certains clichés…
Ségolène Royal a la cote auprès des Français d’origine africaine. Une enquête de l’institut de sondage Ifop[[Sondage réalisé du 7 au 9 mars sur un échantillon de 526 personnes majeures, inscrites sur les listes électorales et représentatives de la population française d’origine africaine]], publiée ce mardi dans Jeune Afrique, indique que la candidate socialiste à la présidentielle française remporterait le premier tour de l’élection avec 57% des intentions de vote. Elle écrase ainsi le champion de la droite, Nicolas Sarkozy (UMP, au pouvoir), qui recueillerait 11% des voix. Avec 8% de moins que pour le candidat du centre, François Bayrou (UDF), il a peut-être ainsi payé son projet de ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale…
Le grand écart
Ces résultats tranchent radicalement avec les sondages qui donnaient, la semaine dernière, l’ex-ministre de l’Intérieur en tête ou au coude à coude avec la présidente de la région Poitou-Charentes. En revanche, on constate que l’altermondialiste José Bové et Olivier Besancenot (Ligue communiste révolutionnaire, extrême-gauche) glaneraient près de 5% des suffrages, une tendance qui, elle, se rapproche de la mouvance nationale. Quant à Jean-Marie Le Pen, le leader du Front national (extrême-droite), il ne parviendrait à rassembler qu’1% des suffrages.
Au deuxième tour, Ségolène Royal serait plébiscitée avec 85% des voix devant Nicolas Sarkozy, soit 3% de plus que ce que le président sortant Jacques Chirac avait obtenu en 2002. Face à François Bayrou, la native du Sénégal aurait moins de succès : elle récolterait 71% des intentions de vote.
Comment Jeune Afrique a accueilli ces résultats ? Avec une certaine surprise. « On pensait que Ségolène Royal arriverait première, mais pas avec un écart aussi grand. Le score de Nicolas Sarkozy ne nous étonne pas, mais nous pensions que François Bayrou ferait un peu plus », confie Marwan ben Yahmed, directeur de la rédaction.
3,5% à 4% de l’électorat
Ce n’est pas la première fois que l’hebdomadaire publie un tel sondage. La dernière fois remonte à une dizaine d’années. Il a renouvelé l’expérience pour parler enfin d’un électorat qui représenterait entre 3,5 et 4% de la population française, mais dont on sait peu de choses. « On parle plus de ce que veulent les agriculteurs, alors qu’ils ne sont pas plus nombreux que les Français d’origine africaine », commente Marwan ben Yahmed.
L’objectif était aussi de savoir ce qui se passait dans la tête de cet électorat dont les problèmes (intégration, discrimination…) sont fréquemment évoqués dans le débat présidentiel, sans que l’on sache « qui pèse quoi » dans cette population. « Pour le coup, autant précédemment, sur les autres élections, on avait à peu près une idée de ce qu’elle pensait, autant là, c’est beaucoup plus flou », poursuit Marwan ben Yahmed.
Le directeur de la rédaction souligne que ce sondage a également permis de casser un cliché sur les Français d’origine africaine. « On a tendance à dire, dans certains medias que je ne citerai pas, que des Maghrébins et des Subsahariens n’accordent pas à la femme une place assez importante, que l’islam n’est pas un vecteur d’émancipation… Et contrairement aux idées reçues, ce sont eux qui voteraient massivement pour Ségolène Royal, même si c’est peut-être plus révélateur du fait qu’il n’aiment pas Nicolas Sarkozy », estime Marwan ben Yahmed. Conclusion : la candidate socialiste peut compter sur le vote des Français d’origine africaine. Et eux, pourront-ils compter sur elle si elle devient la première présidente de la France ?
Droits photo : Photothèque de la région Poitou-Charentes