A l’occasion de la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse, voici une réflexion sur un fléau qui mine la presse camerounaise…
Le sujet est de ceux sur lesquels l’on souhaite vivement que se prononce enfin le gouvernement camerounais, et principalement M. Issa Tchimora, Ministre de la Communication. Aidé par l’érudition de ses collaborateurs grands spécialistes de la presse, il pourrait convaincre le grand patron de la police et le reste du gouvernement de cette autre gène de la presse camerounaise. Car le zèle à critiquer les mauvaises pratiques doublé de la hargne à dénoncer l’envahissement du journalisme par les intrus de différents ordres est sans commune mesure avec le silence radio observé autour de l’omniprésence des éléments de la sécurité, même en civil, au cours des conférences de presse. Est-ce un tort de penser jusqu’ici que seuls les journalistes devraient y être conviés ? En tout cas, la cohabitation forcée avec les taupes, imposées aux membres de la presse, au-delà de troubler les esprits, créé une confusion qui ne doit jamais exister entre le rôle du journaliste et celui de policier.
En toile de fond de cette autre incongruité camerounaise, se profile de sérieux risques d’altération de leur formation, dont la qualité est un gage de la liberté d’expression promue par la démocratie.
L’on nous rétorquera que le cas du Cameroun est bien meilleur que l’enfer des autres « Etats policiers ». Bien sûr que pour le dire, il ne faut jamais avoir été avec nos confrères flics, trop voyants lors des conférences de presse au cours desquelles ils ne s’embarrassent jamais de cacher leur « pistolet automatique », d’occuper les premières places, de sortir leur magnétophone ou dictaphone pour recueillir les impressions et même d’emmarger sur les chiffes de présence. Évidemment, à l’endroit généralement réservé aux organes de presse, ils notent ostensiblement leurs commissariats spéciaux d’attache ! Allez donc savoir pourquoi ? Pour toute réponse, ne comptez pas sur nous pour faire cas du harcèlement subi après par les organisateurs dont les propos et intentions sont tronqués à dessein.
Même imposée, cette cohabitation avec les éléments de la police serait supportable si, durant ces rencontres où la presse est dans son élément, nos « voisins » policiers arrêtaient de nous perturber avec des questions… Et pour finir de s’inviter au partage du perdiem et des agapes avec ceux qu’ils appellent occasionnellement « confrères ». Les flics, nos confrères ? Non.
En célébrant cette autre Journée Mondiale de la Liberté de la Presse, les confrères, les vrais, se connaissent et savent aussi que nous n’avons pas besoin de la flicaille déguisée en journalistes pour assurer notre sécurité.
Par Paulin Hilela Matug