Quatre Africaines seulement ont le privilège d’arbitrer les matchs internationaux de basket et parmi elles, deux marocaines. Dans ce monde très masculin, elles ont quand même réussi à se faire une place. Chapeau !
La parité n’est pas encore une question à la mode dans le milieu du sport. Mais cela ne veut pas dire que les femmes soient totalement absentes dans ce domaine. En effet, quelques équipes féminines ont déjà fait leur petit bout de chemin et honorent différents sports. Mais en ce qui concerne les postes techniques, elles se font déjà plus rares. Par exemple, le basket africain compte au nombre de quatre, en tout et pour tout, les femmes qui arbitrent des matchs au niveau international. Précurseurs dans ce domaine, les femmes marocaines.
La porte s’ouvre en 1996
Grande première pour le basket africain en 1996. Nezha Hanafi, Marocaine, sera la première femme de ce continent à jouer du sifflet dans un match. Ex-joueuse internationale, elle a aussi été championne du Maroc pendant dix ans. Chez les Hananfi, on aime le basket : dans la famille cinq sœurs répondent à l’appel dans l’équipe nationale ! Mais Nezha, 36 ans aujourd’hui, n’a jamais pu se résoudre à quitter ce sport qu’elle aime : » j’aurai aimé devenir entraîneuse, mais cela n’a pas pu se faire malheureusement. L’arbitrage me permettait de rester dans ce domaine « .
Elle avoue qu’elle a trouvé la porte ouverte, et que beaucoup de monde l’a encouragée. Chahinaz Bousseta, la deuxième marocaine à occuper le même poste depuis 97 confirme : » J’ai reçu beaucoup de soutien et d’encouragements de toutes parts « . Elle aussi appartient au milieu du sport depuis toujours. Elle a fait partie de la Ligue du Nord de Tétouan et est aujourd’hui professeur d’éducation physique. Du haut de ses 32 ans, elle confie : » l’arbitrage est une expérience que je ne regretterai jamais « .
Gravir les échelons
Pour arriver à ce niveau, elles ont toutes deux suivi le parcours classique. Elles ont franchi les grades petit à petit et sont arrivées naturellement au dernier échelon, l’international, laissant derrière elles les bons souvenirs de matchs régionaux, interrégionaux et nationaux. Ce n’est qu’alors que la fédération leur a permis de passer l’examen d’arbitrage international. Connaissance du règlement, test de condition physique et réflexes d’arbitrage, toutes ces épreuves n’ont été que des formalités. Mesdames, bienvenue dans le monde des arbitres de haut niveau !
Mais Chahinaz regrette que » si peu de femmes fassent la demande à la Fédération de Basket », même si cette fédération, semble-t-il, : » préfère avoir des femmes officielles de table plutôt qu’arbitres « , confie Nezha. Cependant, cela n’explique pas tout. » Les femmes n’ont pas encore assez de courage pour affronter le public et les joueurs « , nous dit Nezha. Cela peut se comprendre dans un pays où la femme n’est pas encore tout à fait l’égale de l’homme.
Braver les a priori
Car dans cette société, on reste encore assez attaché aux valeurs traditionnelles et on ne bouscule pas si facilement les modèles classiques de pensée. C’est sûrement ce qui explique que Chahinaz ait dû affronter, lors de ses premiers arbitrages nationaux, injures et réclamations : » Ce n’était pas facile, surtout lorsque les rencontres avaient lieu dans des petits villages. Les joueurs, tout comme les spectateurs, avaient du mal à m’accepter. Ils n’étaient vraiment pas habitués « . Pour Nezha, ça ne s’est pas passé de la même manière : » J’ai toujours été plus ou moins connue dans ce milieu. En plus, ceux que j’arbitre aujourd’hui étaient cadets quand j’étais déjà senior. Ils me connaissent de réputation « .
Car ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que nos deux vaillantes petites bonnes femmes n’arbitrent pas seulement des matchs féminins, elles courent aussi derrière les hommes afin de traquer la faute. Imaginez ! » Cela me paraît tout à fait normal, dit Nezha, car c’est le même règlement et presque le même rythme « . Elle n’a pas encore arbitré les hommes au niveau international, mais elle n’a pas froid aux yeux et attend ce moment avec impatience. Comme quoi, dans ce milieu là, il n’y pas que les ballons qui savent rebondir !