Des femmes algériennes font campagne pour que les bikinis soient acceptés sur les plages du pays, défiant ceux qui prétendent que le maillot de bain est incompatible avec les coutumes locales. Lancé par Sara sur son compte Facebook, le mouvement compte aujourd’hui plusieurs milliers de membres.
Sara, 27 ans, fondatrice d’un groupe fermé de Facebook militant en faveur du bikini, a déclaré au journal provincial algérien: «La natation en vêtements de plage à la plage ne devrait pas être un exploit ou une choc».
Elle a lancé son groupe, qui compte plus de 3 200 membres, après une visite à la plage avec sa famille en juin, alors qu’elle se sentait trop intimidée pour mettre des vêtements de plage, craignant qu’elle ne soit agressée verbalement ou physiquement. Interrogée par le quotidien algérien le provincial, la jeune femme estime que « le but n’est pas de faire du bruit et encore moins de faire le buzz mais de changer la société profondément et en douceur (…) Ceci ne pourra se faire qu’en habituant des milliers de voyeurs à ce qu’ils considèrent encore comme étant interdit. »
Les publications récentes des médias sociaux montrant des femmes vêtues de bikini sur les plages algériennes ont été accompagnées de commentaires tels que «Où sont vos pères ?», «Mettez vos vêtements en place» et autres «Filles faciles».
Rym, une biochimiste de 25 ans, a déclaré: « Ces hommes frustrés ne nous interdisent pas d’aller à la plage. Nous avons le droit de porter ce que nous aimons et d’aller où nous aimons, quand nous aimons. Nous ne sommes pas seulement bonnes pour rester à la maison » rapporte The Telegraph.
Les bikinis ne sont pas interdits en Algérie, mais il existe une pression sociale immense pour ne pas les porter. Ce mouvement est à l’inverse de celui qui s’est déroulé en France au mois de juin dernier ou des stations balnéaires françaises de plusieurs communes ont interdit aux femmes d’aller sur les plages en burkini. Ces décisions ont été jugées inconstitutionnelles, les femmes étant libre d’être totalement couverte sur les plages si elles le souhaitaient. Et donc, dans le même raisonnement, elles peuvent aussi avoir des tenues plus légères.
Le Conseil d’Etat français, en conclusion pour débouter les communes souhaitant interdire le burkini avait déclaré c’est « une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et de venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle, d’autant que la municipalité n’a pas apporté la preuve d’une menace pour l’ordre public ». Pour sa part, le ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, avait alors indiqué qu’il « appartient désormais à chacun de rechercher dans la responsabilité l’apaisement, qui seul est de nature à éviter les troubles à l’ordre public et à conforter le vivre-ensemble ».
Autant de conclusion qui semblent s’adapter parfaitement au cas algérien.
Par ailleurs, The Telegraph rapporte qu’en Arabie Saoudite, le nouvel héritier du trône a annoncé des plans pour une station balnéaire, les femmes seront autorisées à porter des bikinis au lieu d’être obligées de se cacher.
Prince Mohammed bin Salman, se rendant compte que les visiteurs étrangers ne sont pas susceptibles de venir dans les plages où les femmes doivent porter des abayas, un vêtement semblable à une robe, a déclaré que la station serait « régie par des lois à égalité avec les normes internationales« .