Des milliers de manifestants se sont rassemblés, ce dimanche, à Washington pour exhorter les Etats-Unis et les Nations Unies à mettre un terme à la crise du Darfour au Soudan. Face aux exactions commises par la junte de Khartoum sur les habitants four de l’Ouest-Soudan, une poignée d’indignés, appuyés par de nombreuses célébrités, ont choisi de descendre dans la rue pour dénoncer ce qu’ils qualifient de « génocide ».
Par Joan Tilouine
« Save the Darfur now ». Quelques dizaines de milliers d’américains c’étaient donnés rendez-vous à Washington, et dans une quinzaine d’autres villes, ce dimanche, pour dénoncer les sombres vicissitudes des habitants du Darfour depuis maintenant trois années et lancer un appel à la paix. Dans la foule massée devant le capitole, siège du parlement fédéral, quelques personnalités s’étaient jointes au cortège pour prêter main forte au mouvement. L’objectif étant d’interpeller les Gouvernements du monde entier, et alerter l’opinion publique. « Si nous nous soucions du Darfour, le monde s’en souciera. Si nous témoignons, le monde saura. Si nous agissons, le monde suivra », a déclaré le sénateur démocrate Barack Obama. A noter que pour l’occasion, progressistes et démocrates ont laissé de côté leurs luttes politiques, pour faire chorus.
La situation de l’Ouest soudanais préoccupe, interpelle, indigne. Un des acteurs les plus engagés d’Hollywood, M. George Clooney, de retour d’un voyage dans la région, accompagné de son père journaliste, tire la sonnette d’alarme au sujet du » premier génocide du 21e siècle ». Sous une tornade d’applaudissements, la star a lancé un message à tous les pouvoirs politiques. Mobilisation, tel est le mot d’ordre. « Car si nous ne nous mettons pas au travail aujourd’hui, plusieurs milliers de personnes seront mortes ». Cessons le mutisme, place à l’action. Ces manifestations en constituent la première phase. » Nous n’avons pas arrêté l’Holocauste, nous n’avons pas arrêté le Cambodge, nous n’avons pas arrêté le Rwanda, mais celui-ci nous pouvons l’arrêter « , a prévenu Nick Clooney, confiant sur l’impact de la mobilisation.
Cette marche pour la paix agira-t-elle sur les relations américano-soudanaises?
Le congrès américain et l’administration Bush avaient déjà exprimé leurs préoccupations quant à la situation du Darfour. Il y a deux ans, le Président américain s’était prononcé sur la question et avait lui aussi usé du terme – d’ailleurs contesté – de « génocide ». Washington vient de geler tous mouvements financiers avec Khartoum. Notamment ceux destinés à Gaffar Mohamed El Assan, responsable des forces gouvernementales du Soudan depuis 2004, de connivence avec les chefs des milices arabes Janjawids. Ces milices armées, au service de Khartoum, propagent la violence dans la région massacrant les villageois Four. Ceux-ci réclament, entre autre, une répartition équitable du pouvoir et des richesses. Ce conflit éthnico-politique a déjà causé entre 180 000 et 300 000 morts et a forcé à l’exil près de deux millions de réfugiés. George W. Bush a apporté son soutien personnel aux manifestations de dimanche, jugeant positif que des » citoyens réclament au monde de s’unir avec les Etats-Unis pour agir de manière concrète ». A contrario, l’ambassade du Soudan à Washington a condamné les mobilisations, estimant qu’elles pourraient entraver le processus de paix en cours. Pour le moment les négociations entre le gouvernement soudanais et les rebelles du Darfour pataugent. Raison pour laquelle l’Union africaine a réitéré un nouveau report de 24 heures pour trouver un accord.