Entre 20 000 et 40 000 enfants sont exploités dans les mines d’or du Mali, selon un rapport de Human Right Watch publié mardi. L’organisation déplore leurs conditions de travail extrèmement difficiles et dangereuses pour leur santé.
Les enfants, principales victimes des mines d’or du Mali. C’est ce que précise le rapport accablant de Human Right watch (HRW), publié mercredi, qui indique que 20 à 40 000 enfants y travaillent dans des conditions très dures. Selon l’ONG, « ils creusent des puits de mines, travaillent sous terre, remontent des charges de minerai pesantes qu’ils transportent ou concassent avec des moyens rudimentaires et de façon informelle ». Un dur labeur que la plupart des enfants entament dès l’âge de six ans. Pis, leur santé est mise à rude épreuve car beaucoup d’entre eux utilisent « du mercure, une substance toxique, pour séparer l’or du minerai. Le mercure attaque le système nerveux central et s’avère particulièrement nocif pour les enfants ».
Les enfants qui s’exposent au mercure risquent ainsi un empoisonnement qui entraîne une série d’effets neurologiques, notamment des tremblements, des problèmes de coordination, des troubles de la vue, des maux de tête, des pertes de mémoire et des problèmes de concentration. Mais la plupart des orpailleurs adultes ou enfants n’ont pas conscience des risques qu’ils encourent en utilisant cette substance. « Lors de l’enquête, nous avons interrogé beaucoup d’enfants, mais aussi des adultes (…) Dans notre recherche, nous n’avons pas répertorié des cas de décès, mais des cas de maladie », a déclaré lors d’une conférence de presse l’auteur du rapport, Juliane Kippenberg, chercheuse à HRW.
Des enfants victimes d’abus sexuels
Le Mali est le troisième producteur d’or en Afrique après l’Afrique du Sud et le Ghana. Le pays exporte chaque année près de 4 tonnes d’or artisanal, vers la Suisse ou les Émirats arabes unis, le tout pour une valeur estimée à 218 millions de dollars (plus de 162 millions d’euros), d’après HRW. Après son extraction, l’or produit dans les mines serait par la suite « acheté par des petits négociants qui fournissent des intermédiaires et des maisons de négoce à Bamako, la capitale ». Selon Juliane Kippenberg, les autorités maliennes complices de ces activités « tirent souvent profit de l’orpaillage et se soucient peu de la lutte contre le travail des enfants ».
La majorité des enfants travaillent dans ces mines pour accroître les revenus de leurs familles. D’autres mènent leurs activités auprès de leurs parents, qui eux-mêmes orpailleurs, sont très peu rémunérés pour l’or qu’ils extraient « alors que les négociants et certains fonctionnaires locaux en retirent des profits considérables », indique HRW. Il arrive aussi que des enfants travaillent auprès de leurs proches, connaissances ou d’étrangers, qui n’hésitent pas à les exploiter économiquement. Certains sont victimes d’abus sexuels, notamment les jeunes filles.
Exclus des bancs de l’école
Le rapport souligne également que la plupart des enfants qui s’engouffrent dans ces mines sont des migrants originaires de différentes régions du Mali ou des pays voisins comme le Burkina-Faso et la Guinée. Bon nombre d’entre eux ne sont pas scolarisés. Ce qui réduit leurs chances de trouver des emplois pour améliorer leurs conditions de vies. Il n’est pas rare que les établissements scolaires refusent de les intégrer. « Toutefois, certains enfants travailleurs vont à l’école, mais il leur est difficile de suivre le rythme scolaire car ils travaillent dans les mines les jours de congé, les week-ends et pendant leur temps libre », explique HRW.
Pourtant, en juin 2011, le gouvernement malien a déclaré illégal le travail des enfants dans les mines artisanales et a mis des dispositifs en place pour améliorer l’accès à l’éducation. Ces mesures sont insuffisantes pour lutter contre ce fléau. HRW appelle les autorités maliennes à prendre ses responsabilités pour mettre définitivement un terme à l’exploitation d’enfants.
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