Les Eléphants sauvés de justesse par l’armée


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Rapatrié avec les autres Français vivant à Abidjan, Robert Nouzaret, l’entraîneur des équipes nationales de football de Côte d’Ivoire est en ce moment en France. De Montpellier, où il se trouve, il a accepté d’évoquer avec nous les événements qui secouent le pays des Eléphants. Interview.

C’est bien malgré lui que le technicien français Robert Nouzaret a accepté de quitter Abidjan et ses joueurs. Il était à Yamoussoukro avec l’équipe nationale espoirs au moment où a débuté le soulèvement militaire.

Afrik : Qu’avez-vous vécu exactement en Côte d’Ivoire ?

Robert Nouzaret : Une grosse frayeur. Dans le cadre de la phase finale du tournoi de l’Union des fédérations ouest-africains (Ufoa), nous avons joué, le 18 septembre, notre premier match à Bouaké contre la Gambie (Victoire de La Côte d’Ivoire 5 buts à 0, ndlr). Connaissant bien les infrastructures hôtelières de Bouaké, j’avais demandé spécialement de loger mes joueurs à Yamoussoukro, à l’hôtel Le Président. C’est le lendemain matin au petit déjeuner que nous avons appris qu’il y avait des soulèvements militaires. Après quelques heures d’attente, le comité d’organisation du tournoi nous a confirmé l’annulation de la compétition et nous a demandé de rentrer sur Abidjan.

Afrik : Et vous êtes rentrés sur Abidjan…

Robert Nouzaret : J’ai rassemblé tout le monde et nous avons embarqué en convoi pour Abidjan. En route, nous avons été doublés par une voiture banalisée sans plaque d’immatriculation. Les occupants de cette voiture nous ont sommé de nous garer et de descendre des cars. Juste au moment où nous avons commencé à le faire, l’armée régulière qui se dirigeait vers Bouaké est arrivée. Les militaires de la voiture banalisée n’ont plus insisté. Ils ont pris la fuite.

Afrik : Vous ont-ils dit ce qu’ils voulaient ?

Robert Nouzaret : Non. Ils n’ont pas eu le temps. Mais de toute évidence, ils ne venaient pas en amis.

Afrik : A quoi avez-vous pensé à ce moment ?

Robert Nouzaret : A tout et à rien de bien précis. J’étais au téléphone avec ma femme. J’ai dû interrompre notre conversation en lui promettant de la rappeler plus tard. Elle s’est certainement rendue compte que quelque chose n’allait pas bien. J’ai essayé de pas broncher et de garder mon sang-froid.

Afrik : Qu’est-ce qui va se passer maintenant pour vous ?

Robert Nouzaret : Je veux continuer à travailler. J’ai un stage avec les internationaux ivoiriens qui jouent en Europe à Saint-Maxime. Et jeudi prochain, nous jouons à Brignoles, dans le Var (sud de la France) un match amical contre Nice (vice-leader de la ligue 1 française, ndlr)

Afrik : Avez-vous un message pour les Ivoiriens ?

Robert Nouzaret : Je voudrais que ce conflit se règle vite et surtout de manière pacifique et non par les armes. C’est la troisième fois en deux ans que la Côte d’Ivoire est soumise à des soulèvements militaires. Ce genre d’événements n’encourage pas les investisseurs à venir. Il faut que ça se cesse et que la Côte d’Ivoire connaisse une paix durable.

Afrik : Une dernière question. Pouvez-vous nous éclairer sur le cas Ibrahima Bakayoko, l’international qui a été suspendu jusqu’à nouvel ordre par vos soins ?

Robert Nouzaret : Ibrahima a très mal accepté le fait de n’avoir pas été désigné capitaine par ses camarades. Il s’est mis à pourrir le groupe à quelques jours du match des éliminatoires de la Can (Coupe d’Afrique des nations) contre l’Afrique du Sud. Il a prétexté avoir mal à la cuisse puis dit qu’il ne voulait pas venir pour ce match. Le connaissant bien, j’ai préféré le suspendre pour ne pas mettre en péril l’équilibre du groupe. Je maintiendrai ma décision tant que je serais à la tête des Eléphants de la Côte d’Ivoire.

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