Les Egyptiennes poursuivent le combat


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Le Caire – Suite aux événements de cette année, l’image de la femme égyptienne, notamment en politique, ne sera plus jamais comme avant.

Depuis le 25 janvier dernier, il y a eu un nombre écrasant d’articles sur la participation des femmes aux manifestations qui ont eu lieu dans toute l’Egypte, y compris des mères qui ont estimé qu’il n’était pas dangereux de se rendre sur les lieux des manifestations avec leurs nouveau-nés, des jeunes étudiantes peignant le visage de proches et de révolutionnaires et des femmes médecins prenant soin des blessés pendant la nuit, dans des températures glaciales. Même si le pays vit encore sous un régime militaire où les droits de l’homme ne sont pas suffisamment respectés et où persiste l’absence de pression politique, les femmes continuent de repousser les limites et s’assurent que leurs voix puissent être entendues dans la sphère politique.

Bothaina Kamel, ancienne présentatrice du journal télévisé, animatrice de radio et actuellement activiste, joue un rôle précurseur en devenant la première femme en Egypte à être candidate à la présidence; une initiative dont d’autres Egyptiennes devraient profiter. Ce faisant, elle place la barre un peu plus haut et donne aux jeunes femmes politiques l’occasion de rêver en grand.

Les Egyptiennes ne se voyaient pas seulement comme des  »femmes » sur le terrain pendant la révolution. Nous étions traitées comme de simples camarades révolutionnaires, des patriotes, des chefs de file et des citoyennes. Il nous a paru bizarre que la communauté internationale s’étonne de nous voir diriger, scander, organiser des réunions, nous impliquer dans le processus politique, réclamer la  »liberté, la dignité et la justice sociale ». Pendant la révolution, des milliers d’Egyptiennes ont fini par être considérées comme des modèles pour leurs communautés en tant qu’avocates, défenseurs des droits de l’homme, médecins, enseignantes, spécialistes et maintenant femmes politiques.

La position publique de Bothaina Kamel en faveur de la démocratie et des droits civils illustre le rôle des femmes dans l’Egypte de l’après 25 janvier. Cette femme qui met en application ce qu’elle défend n’est pas seulement une activiste des droits des femmes, c’est une camarade révolutionnaire qui a été arrêtée le 20 novembre dernier par les forces de police alors qu’elle tentait de rejoindre la foule qui réclamait la fin du régime militaire sur la place Tahrir.

Il serait absurde d’imaginer qu’elle a une chance de remporter les élections. D’ailleurs, ce n’est pas ce qu’elle cherche à prouver. Bothaina Kamel symbolise ce qui est possible, permettant aux générations de jeunes femmes à venir de rêver d’exercer les plus hautes responsabilités politiques au niveau national.

A l’instar de toutes les Egyptiennes, Bothaina Kamel est pleinement consciente des obstacles et défis issus d’une société qui n’est pas tout à fait habituée à voir des femmes politiques fortes et qui attend un  »homme fort » à la présidence pour conduire cette transition politique. Bien que l’Egypte dispose de partisanes, de femmes d’affaires et de responsables déterminées, Bothaina Kamel incarne une nouvelle vague de femmes politiques qui peuvent comprendre les besoins du peuple et s’efforcer de concilier ces exigences avec le système politique.

Les élections parlementaires qui se tiendront en novembre prochain montreront ce en quoi le peuple égyptien croit vraiment, si les Egyptiens peuvent apprendre à faire confiance à une femme à un poste à responsabilité et si l’Egyptienne moyenne fera confiance aux femmes politiques pour exprimer ses besoins et points de vue.

Avant le 25 janvier dernier, bon nombre de droits accordés aux femmes faisaient l’objet d’une protection légale dont la liberté d’expression, le droit au travail, les lois relatives au statut personnel, les quotas et bien d’autres. Maintenant que les Egyptiennes risquent de perdre ces droits importants, elles sont investies d’une grande responsabilité et doivent davantage sensibiliser les individus à cet égard. Si les femmes ne croient pas en leurs droits et ne les défendent pas, aucune organisation ni aucune structure ne le fera à leur place. Il n’y a plus de droits acquis; c’est la leçon qu’il faut tirer de cette révolution.

D’un point de vue personnel, je pense que les jeunes femmes doivent faire davantage que simplement revendiquer des droits et des sièges auprès des partis politques. Elles doivent descendre dans la rue et lutter pour les obtenir. En tant que citoyennes, les femmes doivent exprimer clairement leur pensée et leur point de vue, tout comme elles l’ont fait pendant les 18 jours de janvier dernier.

Il ne s’agit pas de remporter les prochaines élections parlementaires mais bien de faire éclore des femmes politiques de haut niveau, jeunes et moins jeunes. Cette génération a relevé la barre et réveillé le véritable citoyen qui en chacun des Egyptiens. Toutefois, il va encore falloir de la détermination, de l’unité et un travail à long terme pour changer l’image stéréotypée de la femme. La campagne de Bothaina Kamel témoigne du début de cette nouvelle voie.

Lire aussi : Shahinaz Abdel Salam : « La révolution doit continuer en Égypte ! »

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*Sally Zohney est une activiste des droits des femmes, conteuse et membre de SAWA Egypte. Article écrit pour le Service de Presse de Common Ground (CGNews).

Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 25 novembre 2011, www.commongroundnews.org

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