Depuis janvier 2 000, les Egyptiennes peuvent demander et obtenir le divorce. Les législateurs ont contourné le code de la famille en instaurant le kholea, une loi qui permet aux femmes de saisir les tribunaux pour demander le divorce. Les hommes se sentent » dévirilisés « . Bilan.
El Makhloue (le divorcé). Nouveau langage pour une nouvelle société. Désormais, el-makhloue (le divorcé, le délaissé) est entré dans le langage courant. Les » délaissés » sont devenus un phénomène de société. » Les Egyptiens n’étaient pas prêts à voir leurs femmes s’émanciper, se libérer de leur tutelle. L’Egypte est, avant tout, un pays d’hommes. Ceux qui viennent me voir sont très déprimés. Leur monde s’écroule « , explique Murad Hajar, avocat. Depuis l’instauration de cette loi, au mois de janvier 2 000, le ministère de la Justice fait état de plus de dix mille dossiers tranchés en faveur des femmes.
Je te rends ta dot, je prends ma liberté
Société conservatrice. » La société égyptienne est en panne de projet social. Phallocratique, rurale, elle est aujourd’hui dans une impasse car elle ne sait pas où elle va. Et ce n’est pas seulement les islamistes qui bloquent son évolution « , se révolte Noura, membre de l’association el-Imaraa el-misriya (Femme égyptienne). Et de pointer du doigt la puissante université théologique El-Azhar. Les conservateurs ont toujours refusé la moindre évolution du code de la famille, basé sur les lois islamiques. Une femme ne peut demander le divorce ; elle est répudiée ou soumise. D’où » l’humiliation » des hommes depuis l’instauration de kholea.
» Nous avons des difficultés à faire respecter cette loi. Les hommes se sentent diminués socialement et touchés dans leur virilité. Ils sont complètement effondrés lorsqu’ils se présentent au tribunal « , s’attendrit Jamal Mansour, fonctionnaire au ministère de la Justice. Le kholea impose à la femme le remboursement intégral de la dot au mari abandonné. Cela n’a pas l’air d’être un grand handicap.