Alors que le Mali, plongé dans une crise politique et militaire sans précédent, est occupé dans sa partie Nord par les islamistes d’Ançar Dine, d’Al-Qaïda Au Maghreb islamique (Aqmi), du Mujao (branche dissidente d’Aqmi) et les touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), qui s’opposent entre eux, les dirigeants africains s’engagent progressivement en faveur d’une intervention militaire. Un mini-sommet africain devrait avoir lieu ce samedi 7 juillet afin de favoriser la mise en place d’un gouvernement d’union nationale au Mali.
Le Nord-Mali a, ces derniers jours, été le théâtre d’affrontements d’une rare violence et d’actes de vandalisme. Ces évènements tendent à prouver la progressive mainmise islamiste sur cette partie du pays où les touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) semblent à présent dépassés.
En effet, les islamistes d’Ançar Dine et du Mujao, alliés à Aqmi, contrôlent à présent Gao, Kidal et Tombouctou où ils ont récemment détruit sept mausolées et la porte d’une mosquée datant du XVe siècle. Les alentours de Gao ont été minés afin d’empêcher la fuite des habitants et de parer à une éventuelle contre-attaque des rivaux touaregs, après les combats du 27 juin qui ont fait au moins 35 morts.
« Il (les islamistes, ndlr) utilisent maintenant la population comme otage, comme bouclier humain, pour se protéger d’une contre-offensive du MNLA », a indiqué Mossa Ag Attaher, porte-parole du MNLA à Paris. De son côté, le ministre malien des Affaires étrangères Sadio Lamine Sow, à la suite d’une visite à Alger a déclaré : « Nous ferons tout pour récupérer notre territoire », sans confirmer une éventuelle participation de l’Algérie.
Le tollé international provoqué par la destruction de sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco a sans doute joué en faveur d’une reconquête du territoire malien par les armes, vraisemblablement dans le cadre d’une coalition régionale.
L’option militaire régionale privilégiée
Les dirigeants de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont exhorté le Conseil de sécurité de l’ONU à l’adoption d’une résolution permettant l’envoi d’une force régionale au Mali dans le but de rétablir la situation et de soutenir Bamako, en proie à une grave crise politique.
Le gouvernement de transition de Cheik Modibo Diarra, mis en place suite au coup d’État du 22 mars, est jugé trop complaisant à l’endroit de l’ancienne junte, toujours très influente dans la capitale. La réorganisation politique à Bamako apparaît indispensable au recouvrement de l’intégrité nationale pour les États voisins. Un gouvernement malien « plus inclusif, qui rassemble le plus large spectre possible des forces politiques maliennes et donc qui permette une transition la plus inclusive possible » est souhaité par Blaise Compaoré, président du Burkina Faso. Djibril Bassolé, son ministre des Affaires étrangères, a annoncé la tenue d’un mini-sommet africain regroupant des représentants de la classe politique et de la société dans l’optique de former un gouvernement malien d’union nationale. Cette rencontre, fixée au samedi 7 juillet, devrait réunir Alassane Ouattara, chef de l’État ivoirien et président en exercice de la Cedeao, et entre autres, les dirigeants du Niger, du Nigeria, du Togo, du Bénin, du Burkina Faso et du Liberia.
Ainsi, les États Ouest-africains semblent davantage favorables à une prise en charge régionale de la question malienne. Le président guinéen Alpha Condé avait déjà indiqué, le lundi 2 juillet lors de sa visite officielle à Paris, vouloir privilégier « une solution militaire » menée par « des troupes africaines ».
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