Les dieux aussi dansent : Témoignage d’une artiste afro-cubaine


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Lorsque débute l’importation des noirs esclaves africains vers 1501, parmi les nombreuses ethnies qui furent alors introduites à Cuba, on retrouve ceux qu’on appelle carabalíes, les ashanti et les congos, mais aucune d’elles plus importante en nombre que les yorubas, qui venaient de l’ancien Dahomey, du Togo et d’une grande partie du sud ouest du Nigeria. Le terme “yoruba” est une dénomination linguistique. Cette langue appartient à la famille kwa, élément important des différents dialectes africains.

Les tribus yorubas étaient essentiellement agricoles et cultivaient la citrouille (courge) le sorgho, le mil, le sésame, le coton et la palme. Ils n’avaient jamais eu de monnaie, mais avaient connu le développement urbain le plus important de l’Afrique tropicale et un développement artistique sans pareille sur le continent.

…Et à Cuba, leur influence culturelle fondamentale se manifeste sur nous à travers leur religion, leur imagination, leur vitalité, et leur éblouissant univers coloré. Lorsque j’étais jeune fille, j’observais avec quelle dévotion ma grand-mère s’occupait des Orishas dans leur autel. J’avais enregistré dans ma petite tête de 8 ans ses enseignements et je lui obéissais lorsqu’elle me disait : “agenouilles-toi et demande aux Orishas de t’aider à résoudre tes problèmes”.

J’ai grandi et j’ai commencé des études d’Art à l’école Provinciale de Danse et de Ballet de Santiago et je me suis de nouveau retrouvé face à ces dieux adorés par ma grand-mère. Je les ai fais danser et ai représenté chacun d’eux a travers la danse. Son panthéon de déités et d’Orishas est ce qui m’a inspiré pour la création du spectacle : “También los dioses bailan”, (Les dieux aussi dansent), performance exécutée de groupe et dans les salles de théâtre.

Ce spectacle a été très bien reçu sur les scènes d’Europe où nous l’avons présenté. Une de nos dernières représentations a été réalisée pour Aleida Guevara (la fille du Che) à Wisbaden (Allemagne).

Nous avons également eu l’opportunité d’effectuer une représentation au “Cuba im Film” (Festival de Cinema Cubain) qui se tient à Frankfort tous les ans.

Des chaînes de télévision allemandes comme celles de Hessen et d’Offenbach ont repris notre travail ainsi que la Télévision Belge et TV Cubana.

A travers ce projet, on cherchait à défendre notre cubanité et notre tradition par laquelle nous souhaitons que l’on nous trouve. Selon moi, il est très important de montrer par la danse que nous ne devons pas oublier d’où nous venons, ni qui nous sommes; que l’identité est une partie de nous que nous ne devons pas perdre.

Cette culture est très ancienne et est même plus préservée à Cuba qu’au Nigeria même; et notre fameux chanteur yoruba aujourd’hui décédé, Lázaro Ross lui-même, disait ceci: “Les gens pleuraient au Nigeria en écoutant les chants dédiés aux Orishas”.

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