Les deux tiers des 23 journalistes derrière les barreaux en Afrique subsaharienne au 1er décembre sont détenus sans aucune inculpation, indique le rapport annuel 2008 de l’ONG américaine de défense de la liberté de la presse, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), rendu public la semaine dernière.
Le nombre de journalistes Internet (blogueurs) emprisonnés dans le monde a dépassé pour la première fois celui de leurs confrères d’autres médias, selon ce rapport, qui indique qu’un total de 125 journalistes étaient en détention à travers le monde en 2008, contre 123 en 2007.
Le document souligne que la Chine est restée la première nation en termes d’emprisonnement de journalistes pour la dixième année consécutive, suivie de Cuba, de la Birmanie, de l’Erythrée et de l’Ouzbékistan.
Treize journalistes restent emprisonnés en Érythrée, qui est le pays africain ou les prisons renferment le plus de journalistes et le quatrième geôlier de journalistes au monde, ajoute le CPJ, précisant que les prisons secrètes de l’Érythrée ne manquent que quatre des 17 journalistes détenus dans des lieux secrets au monde.
« Les autorités érythréennes ont refusé de révéler les informations concernant les lieux de détention, l’état de santé ou le statut juridique des journalistes détenus depuis plusieurs années. Selon des informations non vérifiées, au moins trois de ces journalistes seraient morts en détention, mais le gouvernement érythréen refuse même de dire si ces détenus sont vivants ou morts », déplore l’ONG.
Elle affirme, en outre, que deux autres journalistes érythréens sont détenus au secret en Ethiopie voisine, tandis que le gouvernement de la Gambie a refusé de fournir toute information sur l’arrestation, en juillet 2006, du journaliste « Chief » Ebrima Manneh et que de nombreux observateurs internationaux, du Sénat américain à la Cour des droits de l’Homme de l’Afrique de l’Ouest, ont appelé les autorités gambiennes à libérer ce journaliste, qui a été emprisonné pour avoir tenté de publier un article critique à l’égard du président gambien, Yahya Jammeh.
Selon l’ONG, des allégations d’atteinte à la sûreté nationale comme la subversion, la divulgation de secrets d’Etat et les actes contre les intérêts nationaux sont les accusations plus communément utilisées à travers le monde pour emprisonner des journalistes.
Le rapport affirme qu’environ 59% des journalistes sont emprisonnées sous ces accusations, dont plusieurs par les gouvernements chinois et cubain, mais aussi par des pays comme le Sénégal, la République démocratique du Congo et la Côte d’Ivoire.