Les deux gendarmes ivoiriens interpellés au Burkina Faso libérés


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Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement ivoirien
Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement ivoirien

L’affaire de leur interpellation en territoire burkinabè avait fait beaucoup de bruits, il y a un peu plus d’un an. Les deux gendarmes ivoiriens ont finalement recouvré leur liberté.

Ils sont libres et désormais de retour dans leur pays, la Côte d’Ivoire. Eux, ce sont les deux gendarmes ivoiriens arrêtés en territoire burkinabè, le 19 septembre 2023. L’information a été donnée, ce jeudi, par le porte-parole du gouvernement ivoirien, Amadou Coulibaly, à l’occasion du compte rendu du conseil des ministres tenu ce jour.

Un succès diplomatique de Faure Gnassingbé

Les deux gendarmes ont recouvré leur liberté depuis le 29 novembre, grâce à la médiation du Président togolais, Faure Gnassingbé. Une prouesse que n’a pas manqué de saluer le Président Alassane Ouattara. Ce dernier a adressé ses chaleureux remerciements à son homologue togolais dont il a loué « l’implication personnelle » pour le dénouement de l’affaire. Depuis le coup d’État de juillet 2023 au Niger et la tension qui s’en est suivie au sein de la CEDEAO, le Togo, en se désolidarisant des sanctions prises contre le régime de Niamey, a réussi à s’attirer l’amitié des pays de l’AES qui voient en lui un interlocuteur crédible. C’est cette aura qui a dû peser dans la balance pour que Faure Gnassingbé parvienne à obtenir la remise en liberté des deux gendarmes.

Pour rappel, les deux gendarmes alors en poste à Bouna auraient traversé par mégarde la frontière du côté burkinabè pendant qu’ils poursuivaient des orpailleurs clandestins. S’en est suivi leur mise aux arrêts par les forces burkinabè.

De longues et laborieuses négociations

Dès l’arrestation des deux gendarmes, la partie ivoirienne a entrepris les négociations pour obtenir leur libération. Seulement que les pourparlers coinçaient sur une demande burkinabè : l’extradition de Sékou Ouédraogo, un ancien agent des services de renseignements burkinabè accusé de complot contre la sûreté de l’État, démis de ses fonctions en octobre 2023, et qui se serait réfugié en Côte d’Ivoire. Seulement, les autorités ivoiriennes avançaient que le fugitif ne se trouvait pas dans leur pays. La tension était palpable entre les deux pays voisins jusqu’à la visite en avril 2024 du ministre ivoirien de la Défense, Téné Birahima Ouattara, à son homologue burkinabè, le général Kassoum Coulibaly.

Au cours de cette visite placée sous le signe du renouveau dans la relation entre les deux pays frères, tous les sujets brûlants des relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ont été abordés ainsi que l’avait indiqué Téné Birahima Ouattara : « Nous quittons Niangoloko avec les cœurs remplis de joie. Nous avons passé en revue tous les points des relations entre les deux pays et je peux vous assurer que cette réunion de Niangoloko donnera un nouveau départ aux relations entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire », avait-il déclaré. Mais, il s’écoulera près de huit mois et surtout il faudra l’implication personnelle du Président togolais pour que les gendarmes détenus soient finalement relaxés. Il sied de rappeler qu’après les deux gendarmes ivoiriens, un soldat et un Volontaire pour la défense de la patrie (VDP) burkinabè avaient aussi été mis aux arrêts côté ivoirien.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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