Les deux détenus algériens libérés de la prison de Guantanamo ce jeudi, sont arrivés en Algérie où ils se trouvent en détention.
Deux détenus de la prison de Guantanamo, Nabil Said Hadjarab et Mutia Sadiq Ahmed Sayyab, ont été libérés ce jeudi et transférés en Algérie. Les deux rapatriés « ont été soumis à une enquête préliminaire par les services de la police judiciaire et placés en garde à vue, en attendant de les présenter devant le procureur de la République compétent », selon le communiqué de la Cour d’Alger. Mais le retour des deux ex-prisonniers dans leur pays d’origine est soumis à des conditions drastiques. L’Algérie doit en effet garder un œil et les empêcher de s’engager dans des activités extrémistes.
Coordination entre Washington et Alger
Les deux anciens détenus étaient considérés par Washington comme représentant des risques moyens de menace contre les États-Unis, s’ils étaient libérés. Nabil Said Hadjarad avait été arrêté en décembre 2001 par les forces afghanes, alors qu’il tentait de fuir Tora Bora, dans l’est de l’Afghanistan, où il a été remis quelques jours plus tard aux Américains. Mutia Sadiq Ahmad Sayyab a quant à lui été remis aux États-Unis en janvier 2002, après avoir été interpellé par les autorités pakistanaises.
Avant leur libération, les Etats-Unis et l’Algérie se sont « coordonnés » pour s’assurer que leur transfert soit effectué suivant des « mesures humanitaires et de sécurité appropriées», a indiqué le ministre américain de la Défense. L’Algérie a émis de son côté « un avis sans objection » à la demande américaine de rapatriement de ses deux ressortissants, selon la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH). Cette dernière a indiqué que les dispositions de prise en charge étaient les mêmes que pour les treize Algériens qui avaient déjà été rapatriés de Guantanamo et sur lesquels aucune information n’a été publiée depuis leur retour.
Nabil Said Hadjarad de retour en France ?
L’un des deux détenus libérés de Guantanamo, Nabil Said Hadjarad, n’a plus d’attache en Algérie et souhaite revenir en France, pays où il a toute sa famille. Selon son avocate, « Nabil est arrivé en Algérie affaibli par sa grève de la faim (commencée depuis 6 mois, ndr). Il rêve de rejoindre un jour sa famille qui l’attend en France ». L’association française ACAT, Action des Chrétiens contre la Torture, qui s’occupe aussi de son cas depuis 2010, espère que « Nabil, qui a déjà passé plus d’un tiers de sa vie en détention, malgré l’absence d’inculpation ou de condamnation, aura bientôt la possibilité de rejoindre ses proches en France ».
Une pétition, lancée par son oncle français, qui le soutient depuis la mort de son père, a recueilli plus de 18 000 signatures pour demander son retour en France. « Je suis citoyen français, plusieurs membres de notre famille ont servi dans l’armée française et tous les proches de Nabil vivent en France. Nous demandons l’aide du gouvernement français pour que mon neveu Nabil soit libéré et rentre dans le pays qu’il aime et dans lequel il a grandi : la France», a imploré son oncle, Ahmad Hadjarab.