Le Président français Nicolas Sarkozy provoque la colère en Algérie après ses déclarations à Nice, vendredi dernier, où il a reconnu que la France s’est rendue coupable « d’injustice » et « d’abandon » à l’égard des harkis. Deux cent mille musulmans ont été recrutés par l’armée française pendant la guerre d’Algérie. Les excuses ambigües du chef de l’Etat ont provoqué la colère des autorités et des médias algériens.
Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois irrité les harkis et les autorités algériennes. Dans un discours prononcé à Nice, vendredi 9 mars, il a reconnu que la France avait fait preuve « d’injustice » envers les harkis, sans toutefois présenter d’excuses. Le Président français a déclaré que « des atrocités avaient été commises de part et d’autre » pendant la guerre d’Algérie. « Ces abus, ces atrocités ont été et doivent être condamnés, mais la France ne peut pas se repentir d’avoir conduit cette guerre », a-t-il poursuivi.
Son discours a fait réagir Abdelaziz Belkhadem, ministre d’État algérien et chef du Front de Libération national (FLN). « De toute façon, que le Président Sarkozy accepte ou refuse, viendra un jour où la France s’excusera de ce qu’elle a commis vis-à-vis de l’Algérie », a-t-il déclaré.
« La France ne peut pas se repentir d’avoir conduit cette guerre »
A quelques jours du cinquantenaire des accords d’Evian, Nicolas Sarkozy souhaitait rendre hommage aux pieds noirs et aux 200 000 supplétifs musulmans de l’armée française. Pendant la campagne présidentielle française de 2007, Nicolas Sarkozy s’était engagé, s’il était élu, à reconnaître « officiellement la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre des harkis ». Des promesses qui n’ont pas été tenues, selon les associations de harkis qui attendent une reconnaissance sans ambiguïté de la responsabilité de la France. « Pour que vous puissiez pardonner, il faut que la République reconnaisse qu’il y a eu une injustice, qu’il y a eu une forme d’abandon, c’est fait. Maintenant, pardonnez, parce que la République a besoin de vous ! », a plaidé Nicolas Sarkozy à Nice. « Sarkozy est dans une logique de pardon alors que les familles de harkis sont dans une logique de justice, de vérité et de responsabilité », ont réagi des proches de harkis, rapporte le quotidien El Watan. « La déclaration de Nice est une opération de communication électorale d’un candidat aux abois qui part désespérément à la chasse aux voix », ont-il ajouté.
À Nice, Nicolas Sarkozy a aussi longuement évoqué le sort des milliers de pieds-noirs : le « cauchemar » du million de Français d’Algérie, contraints en 1962, de choisir entre « la valise ou le cercueil ».
Largement distancé dans les sondages par son rival François Hollande, à moins de six semaines du premier tour de la présidentielle, la communauté des rapatriés, estimée à 3,2 millions d’électeurs potentiels, peut faire la différence.