Les cybercafés marocains manquent d’oxygène


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Drapeau du Maroc
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Confrontés à la baisse des tarifs de connexion, les cybercafés se retrouvent dans une situation de précarité. Ils dénoncent la concurrence déloyale de Maroc Telecom, à la fois fournisseur et détaillant. Pour survivre, ils se diversifient.

Les cybercafés marocains sont en difficulté. Beaucoup se voient contraints de mettre la clé sous la porte, affaiblis par une concurrence trop sévère. La multiplication des cybercafés devenant plus miraculeuse que celle des pains, engendre une chute alarmante des tarifs de connexion proposés aux clients.

Les gérants doivent également faire face aux prix de liaison Internet fixés par Maroc Telecom, qui possède le monopole de ce service.  » Les cybercafés se plaignent principalement de deux choses « , confie Karim Laraki, PDG d’Acdim, un cybercafé et fournisseur d’accès de Rabat. Il poursuit :  » Tout d’abord, la société Microsoft devient de plus en plus intransigeante par rapport aux licences de logiciels. L’investissement en matériel informatique est déjà très élevé, et les petits cybercafés n’ont pas les moyens d’acheter les licences. Le piratage se répand de plus en plus, au dépend de Microsoft. Il est nécessaire de trouver un arrangement entre les gérants de cybercafés et le groupe informatique. « .

Maroc Telecom, concurrent déloyal

Le second point de revendication des cybercafés est le monopole de Maroc Telecom, pour les liaisons Internet.  » Maroc Telecom est à la fois notre fournisseur, et notre concurrent, puisqu’il propose également des abonnements à l’Internet « , explique Karim Laraki.

 » Cette concurrence est déloyale, d’autant plus que leur notoriété et leur richesse leur confèrent une puissance commerciale très forte, qui fait du tort aux cybercafés « . Les prix fixés par Maroc Telecom, tout comme ceux de Microsoft, ne permettent pas aux cybercafés d’être compétitifs.  » En ajoutant à cela la concurrence que nous nous faisons entre nous, il reste peu de chances de survie « , déplore M. Laraki.

Le cybercafé Acdim se porte plutôt bien, puisqu’  » il est parvenu à amortir les investissements en équipements « , explique son directeur. Cependant, il constate une baisse substantielle du chiffre d’affaire, qui souligne que la vente d’heures d’abonnement à Internet ne leur suffit pas pour survivre.

Karim Laraki a diversifié les services de son entreprise pour se maintenir à flot.  » Acdim abrite des pages Web, propose des formations, ainsi que d’autres produits telle qu’une connexion à Internet sans abonnement, pour permettre aux étrangers de passage de se connecter sans difficulté « , détaille M. Laraki.

 » Les petits ne tiennent pas longtemps « 

Dans les petites villes, les mêmes problèmes se posent, peut-être avec encore plus de force. A Settat, au sud de Casablanca, les cybercafés naissent et meurent à une vitesse vertigineuse. Settanet, un cybercafé et fournisseur d’accès Internet, était le premier sur le marché, il y a plus de deux ans. Aujourd’hui ils sont déjà dix, malgré la récente fermeture de deux d’entre eux qui n’ont pas résisté à la concurrence et aux problèmes techniques.

Pour Saïd Hijaoui, les revendications sont les mêmes que pour Karim Laraki :  » il faut supprimer le monopole de Maroc Telecom « .  » On ne peut pas être fournisseur et détaillant, cela n’est pas correct « , explique M Hijaoui. La survie de Settanet est sans doute due à sa double casquette de cybercafé et de fournisseur d’accès.  » Les plus petits ne tiennent pas longtemps « , ajoute Saïd Hijaoui.

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