80% de la dette extérieure de la RDC seront annulés au premier semestre de 2003 : promesse ferme de James Wolfenson, le président de la Banque Mondiale, à l’issue de son séjour à Kinshasa. Des centaines de millions de dollars de nouveau disponibles dès août prochain. Les Congolais préfèrent voir avant de croire.
De notre correspondant à Kinshasa
Bon élève. 80% de la dette extérieure de la République démocratique du Congo pourraient être annulés l’année prochaine si les autorités politiques et monétaires congolaises continuent de se conformer à l’orthodoxie monétaire, ainsi qu’elles le font depuis un an. Telle est la substance des propos de James Wolfensohn, le président de la Banque Mondiale, à l’issue de son séjour de trois jours à Kinshasa. James Wolfenson qui se déplace avec sa famille (sa femme et sa fille), a quitté Kinshasa, lundi dernier, à destination de Kigali au Rwanda. Le but de cette tournée, selon James Wolfenson lui-même, est de discuter avec les pays africains sortant des guerres. Au cours de sa courte visite, le président de la Banque Mondiale a eu des entretiens, successivement, avec le président Joseph Kabila, le gouvernement congolais et les opérateurs économiques.
Maîtriser l’inflation
Devant les journalistes, James Wolfensohn s’est félicité des performances réalisées par le gouvernement congolais dans sa lutte contre l’inflation galopante qui n’a cessé de miner l’économie congolaise. La visite du patron de la Banque mondiale scelle ainsi, officiellement, le retour des relations entre la Banque Mondiale et la République démocratique du Congo après dix années de rupture. La RDC pourra ainsi recevoir, dès août prochain, une première tranche de 450 millions de dollars sur les 900 millions promis, a indiqué le président de la Banque Mondiale. Un prêt sans intérêt et remboursable en 30 ans. » Cet argent sera consacré aux investissements prioritaires notamment à la réhabilitation des infrastructures routières, des institutions de santé, des écoles et d’autres projets communautaires « , a souligné James Wolfensohn.
Le président de la Banque Mondiale a beaucoup insisté sur la lutte contre le Sida, une pandémie particulièrement ravageuse au Congo. Au moment où il rencontrait le président de la république congolaise, sa femme, Helen Wolfenson, inaugurait, à Kinshasa, un centre pour enfants abandonnés qui s’occupe des petits orphelins de parents sidéens. Particulièrement touchée par la situation de ces enfants, Helen Wolfenson s’est déclarée décidée à promouvoir le devenir des enfants. Sur près de 2 millions de Congolais vivant avec le virus, les statistiques du Programme National de Lutte contre le Sida enregistrent 650 000 orphelins du sida.. De plus, en RDC, des maladies depuis longtemps éradiquées comme la tuberculose ou la maladie du sommeil ont refait surface, au grand dam des autorités sanitaires.
Combattre la pauvreté
James Wolfenson a déclaré que l’argent octroyé à la RDC devra d’abord servir à combattre la pauvreté, améliorer la santé de la population dont la disponibilité est requise pour la réhabilitation des infrastructures. Deux Congolais se sont particulièrement sentis honorés par les encouragements du président de la Banque Mondiale à la République démocratique du Congo. Frédéric Matungulu Mbuyamu, ministre de l’Economie, des Finances et du Budget et Jean-Claude Masangu, gouverneur de la Banque Nationale du Congo qui, depuis environ deux ans, pilotent la politique monétaire en RDC. A eux deux, ils ont réussi à apurer le service de la dette évalué à 338 millions de dollars et à remettre en scelle la RDC qui avait perdu tous ses droits de vote et d’éligibilité dans les institutions financières internationales.
La population attend les retombées
La population congolaise, elle, subit le contrecoup de cette politique qui se caractérise par une austérité drastique. Les fonctionnaires de l’Etat ne sont pas payés et, quand il le sont, le salaire est tellement insignifiant qu’il demeure insuffisant pour subvenir aux besoins des familles. On assiste tous les jours à Kinshasa à des débrayages. Christine Sawa, agent à l’Office des Postes et des Télécommunications, se déclare soulagée par les propos du président de la Banque Mondiale mais elle préfère attendre la réalisation des promesses pour vraiment y croire. » Les propos du président de la Banque Mondiale sont tellement ambigus et difficiles à saisir pour les non initiés, note-t-elle. Sous Mobutu, on a entendu d’autres propos aussi lénifiants alors que le pays s’engouffrait dans une dette extérieure de 12 milliards de dollars ».
Des réactions comme celle de Christine sont nombreuses. Les Congolais croient difficilement à une fin possible de leur misère. Les postes congolaises, qui emploient Christine, sont en grève depuis près d’un mois. Elle dit ne pas comprendre ce que veut dire » amélioration de la situation économique « . Elle n’a pas été payée depuis un an.