Le comité exécutif de Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLUA), l’organisation qui rassemble les collectivités locales africaines depuis 2005, s’est tenu le 12 avril dernier à son siège de Rabat, au Maroc. C’est le premier d’une organisation qui peut désormais prétendre représenter toutes les autorités locales du continent. Jean-Pierre Elong Mbassi, le secrétaire du CGLUA, revient sur l’unité retrouvée.
Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLUA) est une organisation qui existe depuis mai 2005. Le chapitre africain de Cités et gouvernements locaux unis (CGLU) reconnaît comme membres les associations nationales de collectivités locales et les villes adhérentes directes qui sont pour la plupart des grandes villes, celles qui comptent plus de 250 000 habitants. Le CGLUA regroupe ainsi 40 associations nationales de collectivités locales et environ 3 500 adhérents directs répartis sur les cinq régions du continent, soit 15 000 autorités locales qui abritent quelque 250 millions de personnes.
Afrik.com : Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLUA), l’association censée fédérer toutes les collectivités locales africaines, né en 2005, n’était pas avant les 5 et 6 mars derniers un mouvement totalement unifié. Pourquoi ?
Jean-Pierre Elong Mbassi : En mai 2005, le congrès fondateur du CGLUA a élu le maire de Pretoria (Tshwane) à la présidence de l’organisation pour un mandat de trois ans. En mars 2006, un nouveau maire a été élu dans cette ville, en la personne de Gwen Ramokgopa. Nous avons alors souhaité que la présidence du CGLUA lui revienne puisqu’elle n’est pas intuitu personae mais liée à la qualité de maire. L’ancien président a alors estimé qu’il pouvait demeurer à son poste en tant que conseiller municipal. Cette situation a provoqué une première crise. La seconde est née des interrogations autour du pays d’accueil du siège de la nouvelle organisation posée par le président. Il avait été décidé en 2003, à Yaoundé, lors de la création de ce mouvement unifié que le siège irait à l’UVA (Union des villes africaines, francophone), qui était à Rabat, au Maroc, et la présidence à AULA (African Union of local Authorities, anglophone). En somme, depuis 2006, le mouvement connaissait une double crise du fait que le président, qui n’était plus président, remettait en cause le siège. Nous avons tenté de trouver une solution en mettant en place un comité de réconciliation présidé par l’association des collectivités locales du Nigeria. Nous n’y sommes pas parvenus jusqu’en 2008. Notre organisation mondiale, le CGLU, a donc repris le relais de la médiation. Cependant, après de nombreuses et vaines tentatives de réconciliation, elle a proposé qu’une assemblée, électorale, où tous les membres seraient présents, soit convoquée afin de trouver une issue à cette crise par la voie démocratique. De cette réunion, qui s’est déroulée à Abuja au Nigeria, est sorti le nouveau bureau unifié du CGLUA. Il est constitué de 45 membres, soit 9 représentants pour chacune des 5 régions du continent. Le comité exécutif qui en est issu est présidé par l’association des collectivités locales kényanes dont le président actuel est Taraya Ole Kores.
Afrik.com : En quoi cette brouille a perturbé votre action ?
Jean-Pierre Elong Mbassi : Elle a failli coûter la vie au CGLUA. Les agences de développement allemande, française et canadienne ont conditionné leur soutien à notre unification. Les cotisations des membres n’ont également pas été régulières parce qu’ils ne savaient pas quelle posture adopter face à cette désunion. De même, le programme de travail n’a pas pu être conduit correctement. Notre présence dans les réunions de notre organisation mondiale a été chaotique parce que nous n’étions pas assez bien organisés pour participer pleinement aux travaux du CGLU. Pour finir, les démarches que nous avions entreprises, notamment pour être reconnue auprès de l’Union africaine ont dû être aussi abandonnées.
Afrik.com : Cette désunion a-t-elle également influé sur vos relations avec l’Afrique du Sud ?
Jean-Pierre Elong Mbassi : Le problème a été présenté de manière tronquée aux autorités sud-africaines et nous n’avons jamais eu l’occasion de nous adresser directement à elles pour leur démontrer qu’il n’y avait aucun ostracisme envers l’Afrique du Sud. Pour preuve, en 2007, nous avons proposé à l’unanimité à la présidence du CGLU la candidature du maire de Johannesbourg, président de l’association des collectivités locales sud-africaines, en remplacement du président du CGLUA qui ne pouvait, de par sa qualité de conseiller municipal, être candidat à la présidence mondiale. Le maire de Johannesbourg est donc devenu le co-président du CGLU. Nous sommes aujourd’hui plus que jamais désireux de lever tout équivoque.
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