Ma première expérience avec l’écriture a été à travers le blog et c’est en bloggant que mon regard par rapport au monde qui m’entoure a changé. Désormais je ne me limite plus à digérer les informations que me fournissent les médias, des informations très souvent censurées, mais je récolte moi-même l’information et la partage.
Le blog est, pour moi, le seul moyen de communication qui permet d’exprimer réellement le fond de ma pensée. Vu son caractère personnel, personne n’a de droit de regard sur ce qui est écrit. C’est une fenêtre sur le monde, une évasion et un véhicule d’idées.
L’expérience du blog a changé ma vie et m’a permis de me redécouvrir et de découvrir le monde. Grâce au blog, je suis journaliste ; grâce au blog j’ai voyagé pour participer à des workshops, j’ai aussi voyagé en ne bougeant pas de ma chaise et ce en découvrant les manières d’être, de vivre et de penser de personnes installées un peu partout dans le monde; grâce au blog, j’ai communiqué, j’ai découvert d’autres cultures. J’ai appris à mieux me connaître et surtout je suis devenue une « citoyenne du monde» active.
J’ai commencé à écrire sur un blog, il y a 5 ans, comme un acte libérateur à portée de main. Auparavant, écrire me semblait bizarre et je pensais que seuls les intellectuels prenaient leur plume. Puis, sans pouvoir réellement l’expliquer, je me suis retrouvée à taper des mots, J’écrivais ce qui me passait par la tête. Pouvoir écrire de manière anonyme m’a permis de m’exercer et, petit à petit, je me suis attachée à cette liberté que procure la plume. Liberté de pouvoir dire et crier par l’écriture tout ce que je n’osais exprimer.
Et surtout, blogger m’a permis de devenir plus ouverte : j’ai appris à me remettre en question en prenant le temps de lire les avis contraires au mien et d’y réfléchir. Je suis par exemple contre la politique d’Israël et pourtant je suis « obligée» de lire jusqu’au bout les arguments d’un Israélien qui défend l’occupation.
J’ai aussi appris à être citoyenne. En effet, quand on blogue, on prend conscience qu’on existe et qu’on a la possibilité d’agir en dénonçant une injustice. C’était le cas quand il y a eu la guerre de Gaza, ou celle d’Irak. Face à des médias étrangers qui ne donnent pas toujours la possibilité aux «Arabes» de communiquer, le blog est un moyen d’accéder aux foyers pour essayer de les sensibiliser et de les informer sur une réalité communiquée de manière différente chez eux.
C’est tellement «facile» de communiquer une information. Dans certains pays la liberté de pensée n’est pas un droit absolu, et même si parfois les Etats ne censurent pas, les rédactions des journaux le font. Dans des pays où il faut batailler pour pouvoir s’exprimer, avoir un blog où on peut « tout » écrire sans aucune restriction est une opportunité extraordinaire. Toutes ces idées communiquées facilement et librement sont lues et décortiquées par des personnes dans le monde entier. J’en ai la preuve immédiatement en consultant les statistiques du nombre de lecteurs de mon blog. Un mot pour 1000 personnes sans même me déplacer de ma chaise : ce serait un gâchis que de ne pas saisir cette chance pour essayer de changer les choses !
Le blogging m’a permis de découvrir un monde fabuleux de mots, et un groupe de blogueurs différents mais complémentaires. Je me retrouve à discuter avec des écrivains, des journalistes, des hommes d’affaires et des citoyens du monde. Ces échanges, au départ virtuels, commencent sur le blog, mais peuvent continuer par échange de mails, sur skype et se poursuivent parfois en live.
L’interactivité que permet le blog à travers les commentaires des internautes est aussi une belle leçon de vie. Je comprends petit à petit que finalement nous ressentons tous les mêmes choses. Que l’on vive à Tunis, New York ou Bamako, on aime tous de la même manière, on partage souvent les mêmes espoirs de vie meilleure, de réussite, d’amour et de bonheur et on croit, ou du moins on espère, en un monde meilleur.
Blogger permet ainsi de s’ouvrir au monde. C’est une opportunité extraordinaire de rencontrer des personnes que je n’aurais jamais eu l’occasion de rencontrer.
En somme, le blog m’a transformée d’une spectatrice du monde en une citoyenne du monde et je vous invite à rejoindre la discussion…
* Emma Ben Jemaa est journaliste à Tunis Hebdo, correspondante d’Afrique Magazine à Tunis, assistante universitaire en Marketing à Time University à Tunis et bloggeuse.