La 6è biennale des cinémas arabes a lieu du 29 juin au 7 juillet, à Paris. Au programme, des films très engagés, des débats sans concession et des rétrospectives osées. Politiques ou intimistes, les cinéastes du Maghreb et du Moyen-Orient ont pris tous les risques. A voir absolument.
Depuis dix ans, à l’ombre des grandes productions hollywoodiennes, l’Institut du monde arabe (Ima) organise sa biennale des cinémas arabes, avec toujours cette volonté de bousculer les clichés et de faire taire les consensus. La demi-mesure n’a pas sa place dans le palmarès des films présentés cette année. Porté par les récompenses du film d’Elia Suleimane pour Intervention divine, prix du jury à Cannes, le cinéma palestinien tient une large place dans la programmation. A égalité avec le cinéma égyptien, dont la qualité ne fait plus doute. Des films intimistes, politiques, toujours engagés, se succèdent du 29 juin au 7 juillet, entrecoupés de débats et de rétrospectives sur les moments forts du cinéma.
Côté Egypte, en marge des audaces de la jeune génération, deux événements à ne pas rater. L’hommage à la mémoire de Souad Hosni tout d’abord, disparue il y a juste un an. L’occasion de revenir sur les grands rôles de l’actrice, à travers des films comme Le Choix de Youssef Chahine ou, plus récemment, La Faim d’Ali Badrakhan. Avec Souad Hosni, une page de l’histoire du cinéma est tournée. Mais la nostalgie fait partie de la poésie du septième art. Autre grand moment du festival : la projection de La Chanson du coeur, le premier film parlant du cinéma égyptien. Un petit chef-d’oeuvre de 1932, signé Mario Volpi, à ne rater sous aucun prétexte. Après un bide monumental à sa sortie, cette pièce maîtresse gagne enfin ses lettres de noblesse.
Un cinéma qui dérange
Le cinéma algérien n’est pas en reste, avec des fictions comme Chemin de traverse, de Malika Tenfiche, ou encore La Voie lente de Samia Meskaldji. Des films sans fausse pudeur, où la caméra pénètre l’intérieur de la cellule familiale. Mais surtout, des films réalisés par des femmes, sur les femmes. Des premières réalisations où féminité et maternité se côtoient, se heurtent et s’entrelacent. A côté de productions syriennes ou encore libanaises, en nombre réduit, on regardera aussi avec intérêts des perles, extrêmement rares, du cinéma mauritanien.
Tables rondes enfin, autour de questions que certains préféreraient peut-être éluder… » L’enjeu scénario dans les coproductions euro-arabes » sera examiné les 4 et 5 juillets avec, au centre du débat, la question du financement et des contraintes imposés par les producteurs européens aux cinéastes arabes… Bref, cette 6ème biennale prend tous les risques. A ne manquer sous aucun prétexte.