Une pièce de monnaie chinoise datant du 15e siècle a été découverte sur la côte nord du Kenya. Elle révèle l’existence d’échanges et de contacts poussés entre la Chine et l’Afrique, bien avant l’arrivée des Européens.
Certaines découvertes changent le cours de l’Histoire. En voici une qui permettra sans doute de réécrire un page de celle des relations entre la Chine et l’Afrique.
Une équipe d’archéologues chinois et kényans, dirigée par le professeur Qin Dashu du département d’archéologie de l’université de Pékin, aurait découvert au nord de ville de Malindi, au Kenya, une pièce de monnaie chinoise datant du XVe siècle, rapportait la BBC ce lundi. La présence de l’inscription « Yongle Tongbao », correspondant à la période 1403 et 1424, a mis la puce à l’oreille des archéologues. « Ces pièces étaient émises seulement sur décisions de l’empereur Chengtzu (de la dynastie des Ming) », affirme le professeur Qin. Pour lui, la pièce était probablement « un cadeau de l’empereur ».
Cette découverte est liée à l’épopée de Zheng He. Cet eunuque Hui (musulman chinois) du Yunnan, nommé amiral de la flotte impériale par l’empereur Zhu Di (Yong Le), de la dynastie Ming, aurait traversé l’Océan Indien en 1418 à la tête d’une flotte impressionnante de plus de 200 bateaux, longeant les côtes d’Afrique orientale et commerçant avec les hommes de Tanzanie, du Kenya, de Somalie. Considéré comme le premier grand explorateur maritime moderne, il conduira en 1417-1419 et en 1431-1433, deux grandes expéditions sur la côte africaine.
Ce n’est pas la première découverte faisant état d’une présence chinois en Afrique, antérieure à celle des Européens. Il y a quelques années, toujours au Kenya, des pécheurs de la ville de Lamu, ramassèrent dans leurs filets un vase chinois du 15e siècle. L’histoire raconte qu’un navire de la flotte de Zhen fut victime d’une tempête destructrice. Les survivants s’échouèrent sur les côtes du Kenya, et tissèrent des liens avec la population locale, allant pour certains jusqu’au mariage. Des tests ADN ont même confirmé les dires de certains pécheurs qui affirment avoir des ancêtres chinois.
La côte du Kenya recèle quelques-uns des plus beaux sites archéologiques d’Afrique orientale, miroirs d’une culture tournée vers les échanges maritimes à travers l’océan indien, particulièrement avec la Chine. Les activités commerciales dans l’océan indien se sont intensifiées sous les Song, à partir du XIIe siècle, avant d’atteindre sa plus grande expansion sous les Ming. Ces activités ont permis le développement des contacts entre les deux continents. En 1414, une ambassade de la ville de Malindi, au Kenya, se rendait à la cour de Chine. Des textes anciens affirment de leur coté que l’empereur Zheng aurait visité le Sultan de Malindi, le souverain côtier le plus puissant de l’époque. Des pièces et céramiques chinoises ont été retrouvées dans les ruines du Grand Zimbabwe, indication ampliative des relations commerciales suivies entre l’Afrique de l’Est et la Chine.
Ces échanges ne survivront pas à la disparition de l’amiral Zhen en 1433. La Chine se replia alors sur elle-même, abandonnant ses ambitions maritimes, et laissant l’Afrique aux Portugais. Les relations entre l’Afrique et la Chine ne reprendront que dans la seconde moitié du XIXe siècle.
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