Le 24e Sommet France-Afrique s’est achevé vendredi, au Palais des festivals de Cannes. Le projet Unitaid pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, les crises du Darfour et de la Guinée, sont les trois principaux dossiers auxquels les chefs d’Etat français et africains ont cherché à apporter des solutions concrètes.
De notre envoyé spécial à Cannes
« Je me réjouis de tout mon cœur que notre sommet s’achève par l’adhésion de 17 pays africains* au projet Unitaid. » C’est cette décision que le président français, Jacques Chirac, a présentée, vendredi, comme le plus grand succès du 24e Sommet France-Afrique. Tout au long de la rencontre de Cannes, le chef d’Etat a affirmé la nécessité de mettre en œuvre des financements innovants pour le développement et fait d’Unitaid un exemple qui devrait « inspirer le reste de l’humanité ». Il estime, en effet, qu’ « il n’y a pas d’autre solution que de taxer le commerce mondial pour aider le développement africain. »
Unitaid, la facilité internationale d’achat de médicaments, lancée à New-York en septembre 2006, sous l’impulsion de Jacques Chirac, par le Brésil, le Chili, la Norvège, le Royaume-Uni et la France, est financée par une contribution de solidarité prélevée sur les billets d’avion. Elle aidera à combattre les trois pandémies meurtrières que sont le sida, la tuberculose et le paludisme. Selon le président français, Unitaid fournira 300 millions d’euros dès cette année, « sans provoquer la moindre perturbation dans le trafic international ».
Les réponses aux conflits du Darfour et de Guinée
Certains des conflits qui déchirent le continent africain étaient aussi au programme des discussions entre chefs d’Etat. Le Darfour est celui qui a reçu les réponses les plus concrètes. Réunis, à huis clos, jeudi soir, sous la présidence de John Kufuor, le président de l’Union Africaine (UA), les présidents du Soudan, de la République Centrafricaine et de du Tchad ont signé un accord en trois points. Ils se sont engagés à « ne pas appuyer les groupes de rebelles qui traversent leurs territoires et déstabilisent la région », à mener des discussions afin de afin de poursuivre le processus de réconciliation. Enfin, ils ont « accepté que le Conseil de Sécurité des Nations Unies et l’Union africaine soient à la tête de forces qui seront déployées aux frontières des trois Etats et qui circuleront pour prévenir les troubles et les trafics d’armes », comme l’a affirmé John Kufuor lors de la conférence de presse tenue vendredi à Cannes. Mais aucune précision sur les modalités concrètes de ce déploiement n’a pu être apportée.
Concernant les tensions qui opposent l’Etat guinéen et la société civile depuis le mois de janvier et qui ont fait 113 morts, le Sommet France-Afrique n’a accouché que d’une déclaration de principe. Dans cette dernière, les chefs d’Etat ont « condamné les violences et se sont émus du grand nombre des victimes innocentes », et « ont appelé les autorités guinéennes à honorer leurs engagements conformément à l’accord signé le 27 janvier avec les syndicats afin de préserver la paix et la sécurité de tous les Guinéens dans le respect des principes démocratiques. » John Kufuor a promis qu’au cours des prochains jours une délégation de l’UA et de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) se rendrait en Guinée pour tenter de trouver une solution à la crise. Quant à Jacques Chirac, qui a appelé de ses vœux à un apaisement rapide des tensions, il s’est dit « très préoccupé par le sort des ressortissants étrangers. Evoquant les 2000 expatriés français, les 4000 Libanais et les 500 Américains qui résident dans le pays, il a déclaré que « la France a pris des dispositions navales afin d’apporter, le cas échéant, les secours nécessaires ».
Pour clôturer cette rencontre entre chefs d’Etat africains et français, Jacques Chirac a déclaré qu’il s’agissait d’« un bon sommet » qui encourageait les différents pays à « travailler ensemble ». Il a répété combien le développement de l’Afrique était important à ses yeux et qu’il le considérait comme une question « morale ». De concert avec le président du Mali Amadou Toumani Touré, il a appelé à ce que l’Afrique soit mieux représentée dans les instances internationales, en particulier au Conseil de sécurité de l’Onu et à la Banque mondiale. Après la présentation de tant de perspectives pour l’Afrique, au cours de la conférence de presse qui a conclu la rencontre de Cannes, les journalistes ont demandé au président français si ce 24e Sommet France-Afrique serait son dernier. Jacques Chirac a répondu : « oui… pour cette année ».
Le prochain Sommet France-Afrique devrait se tenir en 2009, au Caire.
(*) Les pays signataires du projet Unitaid, à Cannes: Afrique du Sud, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Liberia, Madagascar, Mali, Maroc, Maurice, Namibie, Niger, République Centrafricaine, Sénégal, Sao Tome et Principe.
A lire aussi :
11207
11212