« Les changements climatiques menacent le développement humain durable »


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La ministre gabonaise de l'Environnement Georgette Koko, à gauche, et Bintou Djibo, représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement au Gabon

Le Programme des Nations Unies pour le développement estime que les changements climatiques peuvent sérieusement remettre en question « le développement humain durable », en particulier dans les pays pauvres. L’organe onusien propose dans son nouveau rapport mondial quelques pistes pour renverser la tendance.

Pour Bintou Djibo, il n’y a pas de doute : « Les changements climatiques constituent une menace sérieuse pour le développement humain durable » et « les émissions (de gaz, ndlr) d’aujourd’hui, sont les problèmes de demain ». Le représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Gabon – qui s’exprimait la semaine dernière à Libreville lors de la présentation du rapport mondial du PNUD sur le développement humain – précise : « En 100 ans, a précisé la responsable, les températures ont augmenté de 0,7 degré C et le rythme d’augmentation ne cesse de s’accélérer. Les preuves scientifiques sont quasi unanimes à établir une corrélation positive entre l’augmentation des températures et l’accroissement de la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. »

« Risques de recul et de fragilisation irréversible des systèmes écologiques »

Les conséquences sur les indicateurs de développement « sont sans appel, avec des risques de recul et de fragilisation irréversible des systèmes écologiques qui augmentent rapidement », a alerté Bintou Djibo. « Selon la tendance actuelle d’émission de gaz à effet de serre, a-t-elle ajouté, l’humanité devra faire face à des risques dangereux et multiformes ».

Madame Djibo juge que les problèmes liés au changement climatique sont l’une des principales causes de la souffrance humaine, de la pauvreté et de la limitation des opportunités. « Comme dans un cercle vicieux, lorsque le niveau de développement humain est faible, les populations restent plus vulnérables aux effets des chocs climatiques », a-t-elle souligné.

Les pays pauvres particulièrement exposés

Or, dit madame Djibo, les désastres « climatiques sont fortement concentrés dans les pays en développement, exposant de ce fait les foyers les plus pauvres. Entre 2000 et 2004, 98% des personnes qui ont été durement affectées par les désastres climatiques étaient ressortissants des régions sous-développées », a indiqué le représentant résidant du PNUD-Gabon.

Les changements climatiques affectent négativement la productivité agricole et la sécurité alimentaire. Ils sont responsables du stress hydrique et de l’insécurité des approvisionnements en eau potable. Ils compromettent donc la disponibilité en eau pour l’irrigation et pour l’usage domestique. Et la situation risque d’empirer : selon le rapport, d’ici 2080, 1,8 milliard de personnes supplémentaires pourraient vivre dans une région où il existera des pénuries d’eau.

« Le paludisme et la dengue pourraient se répandre à un rythme incroyable »

A l’inverse, a averti madame Djibo, « le niveau de la mer pourrait augmenter rapidement en raison de la désintégration accélérée de la calotte glacière. Une augmentation de la température mondiale de 3 à 4 degré C pourrait provoquer le déplacement temporaire ou permanent de 330 millions de personnes du fait des inondations ». Au final, de nombreuses espèces animales et végétales sont menacées d’extinction et les risques sanitaires, surtout dans les pays pauvres, sont immenses : « Les grandes maladies mortelles telles que le paludisme et la dengue pourraient se répandre à un rythme incroyable ».

D’où la nécessité, d’agir dans les délais les plus brefs pour préserver les populations vulnérables, parmi lesquelles les pauvres et les générations futures, pour des raisons d’équité et de respect des droits de l’Homme. Le rapport propose en ce sens des stratégies pour atténuer et renverser les tendances actuelles.

Un autre bourreau pour l’Afrique ?

Il s’agit d’une série de mesures concrètes, dont le recours aux technologies propres et aux énergies renouvelables et la mise en œuvre du principe du pollueur-payeur. Mais il est également question, selon le ministre gabonais de l’Environnement Georgette Koko de promouvoir la prise de conscience individuelle car, estime-t-elle, « chacun a sa part de responsabilité et peut agir dans son petit milieu pour atténuer les chocs climatiques ».

Le rapport 2007/2008 sur le développement humain du PNUD met en relief le triste sort des pays en développement qui, non responsables de la dette écologique de la planète, sont malheureusement les plus exposés à ses conséquences en raison de l’interdépendance écologique. Après le sida, le paludisme, la faim et la pauvreté, les changements climatiques pourraient devenir le prochain bourreau des populations des pays pauvres dans un avenir proche si les égoïsmes nationaux ne cèdent pas de place à la solidarité internationale.

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