Les Chagossiens sont en colère


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Carte Ile maurice

Depuis neuf jours, des centaines de Mauriciens natifs de l’archipel des Chagos manifestent devant l’ambassade britannique de Port-Louis. Ils réclament une réponse urgente à leurs doléances.

Des centaines de Mauriciens natifs de l’archipel des Chagos campent depuis neuf jours devant l’ambassade britannique à Port-Louis. Hommes, femmes et enfants se relaient chaque jour pour protester contre le manque d’attention de la Grande-Bretagne à leur égard. Le 3 novembre 2000, les natifs de l’archipel, transférés de force à Maurice entre 1965 et 1973, et leurs descendants ont obtenu un jugement de la Haute Cour de Londres ordonnant à la Grande-Bretagne de les rapatrier. Mais depuis cette date, les Chagossiens n’ont rien obtenu de concret de la part de l’Etat britannique.

« Ils sont tout simplement à bout », clame Olivier Bancoult, le leader chagossien et dirigeant du Groupe Réfugiés Chagos. L’archipel des Chagos, au centre de l’Océan Indien, est actuellement un territoire outre-mer britannique (BIOT). Une de ses îles, Diego Garcia, abrite une base militaire américaine. L’île Maurice considère que l’archipel, détaché par les Britanniques en 1965, fait partie de son territoire national.

Expulsion chagossienne

Un rapport des Nations Unies, publié le 29 octobre dernier, condamne l’expulsion chagossienne intervenue entre 1965 et 1973, préconise le versement d’une compensation et insiste sur l’application du droit au retour. Les Chagossiens ont soumis dix demandes au gouvernement britannique, notamment le versement d’une pension à vie et d’une compensation pour les dommages causés, le réaménagement des îles et le droit d’y travailler, l’obtention d’un acte de naissance pour ceux qui sont nés entre 1965 et 1973 et la reconnaissance comme citoyens britanniques à part entière.

La Grande-Bretagne a déjà fait un pas avec une nouvelle ordonnance permettant aux Chagossiens de se rendre dans n’importe quelle île de l’archipel, sauf celle de Diego Garcia. Londres permet également aux pêcheurs mauriciens de descendre à terre sur les îles, toujours à l’exception de Diego Garcia. Les Chagossiens n’ont en outre pas le droit de travailler sur la base militaire. Un projet de loi qui doit permettre aux Chagossiens d’obtenir la citoyenneté britannique à part entière (ils sont actuellement considérés comme des citoyens des territoires dépendants britanniques) est actuellement discuté à la chambre des Lords. Il devrait être adopté l’année prochaine.

Problème de santé publique

Après neuf jours de sit-in, la situation semble toujours bloquée. « La communauté chagossienne ne croit plus en l’Etat britannique », souligne dans ses colonnes Le Mauricien. L’ambassadeur britannique à Maurice, David Snoxell, s’est dit inquiet pour la sécurité de son ambassade et à cause du problème de « santé publique » que pourrait occasionner la longue manifestation chagossienne dans la rue. Ce week-end lui a donné raison : une femme enceinte qui soutenait le mouvement de protestation, a failli accoucher dans la rue et a dû être transportée d’urgence à l’hôpital. Le gouvernement britannique serait, selon Le Mauricien, « très embarrassé » par ce mouvement et souhaiterait qu’il s’arrête au plus vite.

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