Depuis 1996, un syndicat des femmes célibataires existe en Côte d’Ivoire. Ces dernières militent pour la polygamie et les liaisons déclarées. Rencontre libertine avec la présidente du syndicat, Suzanne Singo.
Afrik : Vous êtes à la tête du syndicat des femmes célibataires ivoiriennes. Quel est l’objet de ce syndicat ?
Suzanne Singo : Il s’agit d’abord pour nous de défendre la légalisation de la polygamie. C’est le seul moyen possible pour diminuer les cas d’adultères. Ensuite, il faut sensibiliser les jeunes filles à ne pas accepter de sortir avec des hommes mariés tant que la polygamie n’est pas légalisée. C’est là notre second combat. Car la situation de l’homme est trop confortable et celle de la fille-mère très difficile. Nous sensibilisons donc ces jeunes filles qui peuvent être abandonnées du jour au lendemain. Nous sensibilisons également les épouses à la polygamie pour leur en montrer les aspects positifs.
Afrik : Les aspects positifs…
Suzanne Singo : Oui, il y a beaucoup de points positifs. Même si les femmes mariées nous traitent de » voleuses de maris » ou de » briseuses de couples » elles ne comprennent pas que nous nous battons aussi pour elles. Dès qu’un homme estime que sa femme est fanée, il la trompe et parfois la quitte ou la met dehors. Or si la polygamie était légalisée, cela n’arriverait pas. De plus, si la femme est au courant des liaisons extraconjugales de son mari, elle saura où le trouver s’il y a un problème au foyer et que le mari est absent. La situation de l’homme essuie-glace, celui qui va d’un jupon à l’autre, peut aussi être utile à la femme.
Afrik : Et vous arrivez à convaincre des épouses ?
Suzanne Singo : Quelques-unes. Mais le reste, ce sont des hypocrites car ce qu’elles défendent, en refusant la polygamie, c’est leur intérêt et non pas l’amour. Quand leur mari mourra, elles ne veulent pas avoir à partager ses biens.
Afrik : Votre syndicat ne rassemble donc pas de femmes célibataires jalouses !
Suzanne Singo : Si ! Car quoi qu’on dise, malgré tout, la monogamie, c’est très bien. Aucune femme ne veut partager l’homme qu’elle aime. Mais en même temps aucune femme ne détient le remède pour garder son mari à la maison. En Afrique, presque tous les hommes ont des maîtresses. Même ceux mariés à l’église. Et de ces relations adultères naissent des enfants qui ne sont pas reconnus et qui traînent dans les rues. Ils n’ont aucun droit et nous nous battons contre cette situation inadmissible.
Afrik : Vous pensez vraiment pouvoir éradiquer l’infidélité au sein d’un couple en légalisant la polygamie ?
Suzanne Singo : Nous ne voulons pas éradiquer l’infidélité, nous voulons pouvoir la faire diminuer. Vous savez, tout ce qu’on cache a de la valeur. Si on légalise la polygamie, les liaisons secrètes n’auront pas le même attrait. Quand on dit à un homme » ne fais pas ça « , il le fait exprès pour nous prouver que c’est lui l’homme et que c’est bien lui qui commande. Je suis sûre qu’en légalisant la polygamie l’effet maîtresse va diminuer.
Afrik : En attendant, quelle est l’attitude que vous conseillez d’adopter envers les hommes ?
Suzanne Singo : Les utiliser, comme eux nous utilisent. Face à eux pour se faire entendre, il faut user de stratégie. En fait, il faut tout faire pour leur arracher tout ce qu’on peut. Car on ne peut pas parler d’égalité entre les sexes quand tous les matins il faut leur tendre la main pour qu’ils nous donnent de l’argent.