Les cas de cannibalisme secouent la RDC


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Anthropophagie et cannibalisme à Mambasa : le rapport des Nations Unies accuse les rebelles du Mouvement de Libération du Congo. Son chef, Jean-Pierre Bemba promet de sévir tandis que le gouvernement de Kinshasa demande la constitution d’un tribunal pénal international pour juger ces crimes de guerre.

Les Pygmées de la forêt de l’Ituri (RDC, République démocratique du Congo) n’ont visiblement jamais connu cela de leur vie. Tueries à grande échelle, pillages systématiques des commerces et des maisons, enlèvements, viols et surtout : cannibalisme. Tout cela a été confirmé par une équipe de la Monuc (Mission d’Observation des Nations Unies au Congo) de retour de Mambasa, Komanda, Beni et Oïcha. L’horreur est à son comble.

Jean-Pierre Bemba, le leader du Mouvement de Libération du Congo, dont les troupes sont fortement impliquées dans ces atrocités, a implicitement reconnu les faits, jeudi 16 janvier 2003, dans une interview qu’il a accordée à  » Radio Elikya « , une radio privée catholique émettant à Kinshasa.  » En tant que responsable d’un mouvement politico-militaire qui a lutté pour la libération du peuple congolais, je ne peux pas tolérer que des actes de barbarie soient perpétrés sur les populations, a-t-il déclaré. Les soldats coupables de ces crimes et actes barbares seront jugés conformément à ce code de conduite dans la plus grande équité « .

Crimes de guerre

Pour la première fois, Jean-Pierre Bemba reconnaît la gravité des actes à charge de ses troupes alors qu’il se disait victime d’un complot politique ourdi contre sa personne par le gouvernement de Kinshasa. Un lieutenant personnellement cité dans ces tueries se trouverait déjà à Gbadolite, le quartier général du MLC, pour répondre de ses actes devant une Cour militaire dans les semaines qui suivent, selon Jean-Pierre Bemba.

Pour le gouvernement de Kinshasa, c’est bien sûr l’aubaine. L’opportunité à ne surtout pas rater. Non seulement, il dénonce  » des crimes de guerre  » à l’encontre du MLC de Jean-Pierre Bemba et du RCD National (Rassemblement Congolais pour la Démocratie)

de Roger Lumbala mais, bien plus, il adresse une plainte auprès du Conseil de Sécurité des Nations Unies demandant la constitution d’un tribunal pénal international pour juger ces crimes de guerre.  » Nous ne pouvons pas comprendre qu’au troisième millénaire, des Congolais puissent se nourrir de la chair d’autres Congolais ou obliger des Congolais à

manger des organes des membres de leurs familles, a déclaré Léonard She Okitundu, le ministre des Affaires Etrangères. Ce qui s’est passé à Mambasa est tout simplement d’un autre siècle « .

Débats à Kinshasa

La plainte du gouvernement de Kinshasa ne pouvait pas mieux tomber. Elle est arrivée à New-York pratiquement au même moment où le Conseil de Sécurité prenait connaissance du rapport de la Monuc (Mission d’Observation des Nations Unies au Congo) sur la situation humanitaire dans l’Ituri et le Nord-Kivu. Le gouvernement de Kinshasa a donc toutes les chances d’être entendu car le Conseil de Sécurité vient de citer nommément Jean-Pierre Bemba comme responsable des atrocités qui se déroulent dans l’Ituri.

Bien entendu, ces nouvelles sur les pratiques anthropophages des troupes rebelles animent les débats à Kinshasa et ternissent gravement le nom et l’image de Jean-Pierre Bemba, pressenti pour le poste de vice-président de la République pour le compte du MLC pendant la période de transition. La question est de savoir comment, en dépit de tout cela, le maintenir à ce poste de responsabilité ou comment le remplacer dans la mesure où le MLC ne pense pas le désavouer. Le mouvement continue à considérer tout ce qui se passe comme  » une ignoble opération de déstabilisation de son leader « .

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