Psychodrame, mélodrame ou drame tout court. Ce sera au général-président Robert Gueï de décider de l’issue de la tourmente préélectorale vécue par la Côte d’Ivoire depuis des mois.
Ce sera à lui parce qu’il l’a voulu, en prenant l’initiative de ramasser les débris de l’Etat corrompu par Bédié en décembre – et quelle initiative, dans un pays marqué par quarante ans de stabilité ! Ce sera à lui parce qu’il tient, aujourd’hui encore, fermement ce pouvoir et son bras armé. Ce sera à lui parce qu’il entend perpétuer par les urnes son arrivée par effraction à la Présidence. Ce sera à lui parce qu’il vient de prendre l’initiative de l’état d’urgence.
On jugera les actes de Gueï à leurs conséquences, voilà tout – et il ne devra pas s’en plaindre. L’état d’urgence est-il destiné à protéger les Ivoiriens de la guerre civile ? La Constitution approuvée en juillet avait-elle pour but de garantir la légalité de l’élection présidentielle ? Le putsch de décembre servait-il à rétablir un pouvoir légitime ? A chacun de s’en faire une idée sur pièces dans quelques jours, quand la Cour suprême aura rendu son verdict.
Quoi que décident les autres candidats – Ouattara en tête – à ce moment, leurs décisions seront le résultat direct du processus engagé par la junte et par son chef.
Le général Gueï cultive le mimétisme avec Félix Houphouët-Boigny. Puisse-t-il se souvenir aujourd’hui des leçons du grand homme. A-t-on déjà vu un père de la nation jouer avec des allumettes ?