Depuis quelques mois, les apôtres, évangélistes, prophètes, organisent, à intervalle de jours/semaines, des campagnes d’évangélisation ou croisades dans les grandes villes camerounaises. On y observe des marées humaines, venues du triangle national et d’ailleurs. Et la majorité, pour ne pas dire tous les participants passent nuit à la belle étoile (dorment sur le site de l’évènement).
Les populations rencontrées, qu’elles soient chrétiennes ou pas, se posent de multiples questions. Il y a entre autres interrogations : notre pays est-il devenu une terre sainte ? Pourquoi cette succession des Hommes de Dieu chez nous ? Se sont-ils concertés pour venir avec pour thème principal : « la paix » et les sous-thèmes : « la guérison », « la délivrance », « le salut », etc. Qu’est-ce que ces Hommes de Dieu ont vu dans notre pays, surtout à l’approche des grandes échéances électorales ? Viennent-ils à l’espace des jours/semaines, pour détourner notre attention ? Qui serait derrière ces innombrables évènements ? Qui supporte leurs frais de transport avec leurs fortes délégations ? Depuis que ces hommes de Dieu défilent chez nous, qu’est-ce qui a changé ?
Pour la ménagère Sandrine G.,« Ces hommes de Dieu n’ont pas choisi notre pays pour rien. Quelque chose se cacherait derrière ces croisades/campagnes d’évangélisation. Qu’est-ce qu’ils ont la félicité d’obtenir des autorisations de manifestations de trois à sept jours! Alors que les leaders des partis politiques de l’opposition camerounaise, peinent à rentrer en possession de ce précieux sésame ?
« Faites-en un tour dans ces lieux où se déroulent les croisades, vous comprendrez que les populations camerounaises, dans leur majorité, ont des problèmes de plusieurs ordres. Parmi les personnes qui y prennent part ou dorment même sur les sites, la majorité sont des femmes (jeunes et âgées). Dans leurs intentions de prières, on note les cas suivants : le chômage, le mariage, les voyages, les maladies, la sorcellerie, les envoutements, les scrutins libres et transparents, le choix à la tête des institutions, des personnes qui se soucient de tout le monde, sans état d’âme, etc », indique l’électricien Cédric P.
« Ces croisades et campagnes d’évangélisation devraient servir de baromètre aux dirigeants, afin que les choses changent dans notre pays », ajoute-t-il.
Politique de deux poids, deux mesures,
Selon l’homme politique Simon Pierre D., « Il ne faut pas trop réfléchir, pour comprendre la facilité avec laquelle ces leaders, tous, des églises de réveil, d’ici et d’ailleurs, obtiennent des autorisations de manifestations. Cela est fait à dessein ! Quand c’est le leader d’un parti politique de l’opposition qui demande l’autorisation pour tenir un meeting, que ce soit sur la place publique ou dans son domicile, on la lui accorde, puis à la veille ou même, à quelques minutes de l’évènement, les Fmo (forces de maintien de l’ordre), envahissent les lieux, pour disperser les militants, en brandissant comme motif, « risque de troubles à l’ordre ».
« Cette politique de deux poids, deux mesures, je veux dire, ces interdictions dont sont régulièrement victimes, les leaders des partis politiques de l’opposition, ne frustrent-elles pas toutes les populations ? Le pays ne peut-il pas toujours être au bord de l’explosion ?
« Nous ne souhaitons rien de mal pour notre pays. Nous voulons seulement que toutes les populations camerounaises se sentent à l’aise et fières de vivre dans leur pays. Et cela passe obligatoirement par les prières et le dialogue. Pas l’un sans l’autre !», conclut-il.