Décalées, inquiétantes, originales, surnaturelles… Les onze nouvelles de l’écrivain mauricien d’origine indienne Vinod Rughoonundun nous plongent dans l’univers mythique et légendaire de Maurice. Daïnes et autres chroniques de la mort se lit d’une traite… avec la lumière allumée !
Avec Daïnes et autres chroniques de la mort le poète mauricien d’origine indienne Vinod Rughoonundun, livre sa première œuvre romanesque. Onze nouvelles intenses qui explorent la mort sous toutes ses faces. Le titre de l’ouvrage donne le ton puisque les daïnes, très présentes dans l’imaginaire mauricien, sont des personnages fantastiques, mi-femmes, mi-sorcières qui rongent les os des défunts et s’enduisent de leurs cendres… Le surnaturel est omniprésent, comme dans la première histoire où Kikolo « celui qui ne boit pas d’eau », sorte de clochard céleste, tombe dans un coma profond… et suinte du miel.
Ou encore dans « D’jamma », du nom de cette femme qui, dans la légende comorienne, est habillée en tout et pour tout d’un mélange de sept parfums, séduit les hommes esseulés sous forme de cadavre et tire sa substance de vie de l’âme de ses victimes. Quel est ce pigeon blanc, oiseau de malheur qui a rendu fou Rozé, le fils de Ton Horz ? Qui est cette « amante » fantôme qui vient transfigurer les nuits d’un jeune homme qui se rêve écrivain ? Les nouvelles parlent de la mort mais ne sont pas morbides, plutôt décalées, parfois inquiétantes voire angoissantes et souvent originales, portées par l’écriture aérienne, poétique et truffée d’expressions créoles de Vinod Rughoonundun.
« Réactiver une mémoire »
Ce recueil est comme « un tableau, un paysage de Maurice », explique l’auteur dans une interview donnée à l’Association pour la diffusion de la pensée française, ADPF. « Ce sont des histoires universelles car la mort est un sujet universel. La mort est très présente à Maurice (…). Elle fait partie intégrante de la vie. Quand quelqu’un meurt, la famille, le voisinage se déplacent, on vit la mort ensemble. » Pour ces histoires fabuleuses, Vinod Rughoonundun s’est inspiré du patrimoine oral de son île, des contes entendus lorsqu’il était enfant, glanant des fragments autour desquels il a construit ses nouvelles, laissant son imagination faire le reste. « La forme des nouvelles garde quelque chose de l’oralité. (…) La nouvelle appelle une lecture courte, souple. Je reviens d’une certaine façon au conte, aux veillées », précise-t-il.
Ces textes épurés sont accessibles à tous et plongent le lecteur dans la culture et la nature mauriciennes. Vinod Rughoonundun explique : « Il s’agit de transmettre une mémoire individuelle, de donner quelque chose de soi (dans la poésie) ou de transmettre la mémoire d’un peuple (dans les nouvelles). J’écris avec ce que j’ai, avec mes émotions, ma culture, mes bagages : des images, des sensations… Ecrire, pour moi, c’est réactiver une mémoire ».
Daïnes et autres chroniques de la mort de Vinod Rughoonundun, éditions Naïve Livres, collection Naïve francophones, 16 €