À part Samuel Umtiti et Steve Mandanda, aucun joueur de l’équipe de France n’a vécu sur le continent africain. Pourquoi de nombreuses voix s’élèvent-elles au sein de l’extrême-droite européenne et en Afrique parmi les abonnés des réseaux sociaux, alliés objectifs, pour contester l’évidence de la francité des Bleus ? Jalousie ? Train de retard ? Incompréhension ? Racisme pur et dur ?
AFRIK.COM tente de creuser pour vous ces réflexes insupportables aux yeux de ceux qui revendiquent le caractère métissé de la team hexagonale et qui en sont fiers.
Pas facile de rester sur les réseaux sociaux depuis la victoire de l’équipe de France de football ce dimanche 15 juillet, lors de la finale de la coupe du Monde face à la Croatie. Les commentaires fusent. Les Bleus, parfois « sales nègres », souvent « traîtres » ou encore « singes », régulièrement qualifiés de « tirailleurs » ou de « migrants », semblent se voir refuser la nationalité française et la légitimité nécessaire pour représenter leur Etat.
Pourtant, plus de 95% des joueurs sont nés et ont vécu toute leur vie en France.
Umtiti et Mandanda, les seuls « Africains » ?
Samuel Umtiti ? Né au Cameroun, certes. Un pays qu’il a quitté à 2 ans pour venir à Lyon en France et commencer le football trois ans plus tard, y suivre sa formation et y évoluer. Steve Mandanda ? Né en République démocratique du Congo. Un Etat qu’il a quitté à 2 ans pour s’installer à Evreux avec sa famille. Le court épisode africain de l’équipe de France s’arrête là !
Ah non, encore quelques vacances au « bled » pour visiter la famille, rigoler avec les amis, aller sur les plages siroter un jus et manger des mangues durant quelques semaines. C’est tout. Le reste se passe à Bastia, Paris ou encore Lagny-sur-Marne (pour ne citer que les villes d’origine d’Adil Rami, N’Golo Kanté et Paul Pogba).
Nés en France, formés et éduqués à l’ombre de la tour Eiffel, confrontés aux réalités des quartiers populaires français pour la plupart, l’africanité des Bleus est une plaisanterie malgré le riche apport des origines familiales à leur identité.
Américains, Italiens, Croates, Africains, tous contre les Bleus
L’équipe de France est contestée partout sur la planète. Trop foncée pour représenter un pays d’Europe d’après une partie des supporters des anciens adversaires des Bleus ou des citoyens des pays d’origine de leurs parents. Partout on leur reproche leurs origines familiales, leur couleur, ou on en rigole. Encore récemment, l’humoriste Trevor Noah a trouvé comique d’insister sur le physique des joueurs. Pas des « Scandinaves », effectivement. Pas « Gaulois » pour Obama. Le président vénézuélien a même cru bon de déclarer que cette victoire revient à l’Afrique.
Les remarques ne sont pas toutes des critiques, celle d’Obama était par exemple plutôt laudatrice, mais l’on parle de couleur, rien que de couleur, toujours de couleur !
Des comportements élégants
Face à ce déferlement de haine et de moqueries, les Bleus ne réagissent presque pas. Parfois, un message leur échappe cependant. Benjamin Mendy a bien répondu sur Twitter. Ce dernier est monté au créneau pour contredire le site SPORF qui mettait en avant les drapeaux des pays des parents des joueurs plutôt que celui de l’équipe hexagonale.
En réponse à la bêtise ambiante, tous ces joueurs ont des comportements exemplaires et disent aimer la France sur tous les médias, naturellement et simplement. Le seul pays qu’ils peuvent revendiquer honnêtement, ce pays qui leur appartient et qu’ils font rêver. La route est décidément longue. Sommes-nous au XIXe siècle ? Au XXème ? Non, en 2018. Après la deuxième coupe du Monde remportée par le plus beau pays de l’univers lorsqu’il est uni : la France métisse !
Dans les sélections africaines en revanche, beaucoup plus de joueurs sont nés et ont toujours vécu à l’étranger. Or dans ce sens, aucun commentaire.